Où est passée la démocratie sociale ?
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D’abord il faut souligner que c’est une consultation inédite. Et l’ampleur des réponses montre des attentes fortes à l’égard de la CGT. Que nous disent ces femmes ? D’abord qu’elles rencontrent des difficultés en termes de conditions de travail pour 65% et que six sur dix ont rencontré des situations de sexisme ou de violence sexiste au travail.
Si 55 % de celles qui nous ont répondu ont des responsabilités syndicales, une majorité de celles qui n’en ont pas invoquent le manque de temps. Sur cette question, il n’y a rien d’indépassable ; dans notre organisation nous devrions nous interroger sur l’efficacité de nos heures de réunion qui ne débouchent pas toujours sur des décisions, où les interventions se succèdent et se répètent sans rien ajouter les unes aux autres.
Nous devrions aussi veiller à ce que les décisions soient prises dans des cadres formels et pas dans des temps informels. Parce que bien souvent les femmes qui sont sous pression temporelle sont absentes de ces moments. Il faut aussi que nous arrêtions d’avoir comme critères, pour confier des responsabilités militantes à des femmes, le présentéisme et la disponibilité et plutôt raisonner en termes d’apport de ces militantes au collectif.
Oui, mais elles ajoutent aussi qu’on ne le leur a pas proposé. Il y a donc une disponibilité plus importante que ce qu’on suppose. Je pense qu’il faut arrêter de penser à la place des femmes. On a trop tendance à intégrer les contraintes temporelles pour justifier qu’on ne fasse pas appel à elles pour prendre des responsabilités.
Ce qui est frappant, c’est leur manque de confiance en elles, le manque de connaissances juridiques, la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir répondre à la hiérarchie. Ce qui nous pose la question de la formation et de l’accompagnement de ces femmes dans la prise de responsabilités.
Les femmes ne se projettent pas naturellement dans ces rôles de dirigeantes, d’animatrices, donc s’il n’y a pas une politique des cadres plus volontariste de la CGT pour aller chercher les femmes, les accompagner, les former on ne pourra pas dépasser ces freins et cette auto-censure.
Il est intéressant de voir que pour ces femmes, syndiquées ou non, les préoccupations les plus importantes sont l’égalité, la revalorisation des emplois à prédominance féminine et l’environnement non sexiste. Si 66 % se disent féministes, seulement 44% qualifient la CGT de féministe, ce qui nous montre que nous avons des progrès à faire dans la prise en compte des revendications féministes.
On a vu depuis quelques années, à la faveur du 8 mars ou des manifestations de novembre, combien la question de l’égalité salariale avait progressé dans l’opinion. Et cela se confirme dans l’enquête puisque les femmes qui nous ont répondu seraient très majoritairement prêtes à mener une action sur la question de l’égalité et 30 % d’entre elles le feraient pour la première fois.
Cela nous montre que le féminisme est bel et bien une porte d’entrée dans le syndicalisme et l’action collective. Ça nous est d’ailleurs confirmé dans une enquête mixte menée par Harris pour la CGT qui nous dit que l’égalité est, pour les femmes comme pour les hommes, une revendication principale, loin devant les salaires.
Et les salariés pensent aussi que – loin devant les autres revendications – le sujet sur lequel on peut obtenir des avancées. C’est chaque année plus vrai et cela fait dix ans qu’on constate cette prédominance dans les préoccupations des salariés. Cette exigence est donc une lame de fond.
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