Fret ferroviaire : la CGT s'insurge contre un scandale d'Etat
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Depuis le 28 janvier, grues et pelleteuses ont envahi la commune de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) pour amorcer les travaux de création des voies du futur CDG Express. « Un coup de force, une provocation de l'État », avait alors dénoncé la maire (PCF) de la commune, Charlotte Blandiot-Faride, qui avait exigé du préfet de région et de la ministre des Transports l'arrêt immédiat des travaux. En vain.
Farouchement opposés au CDG Express en raison de ses impacts sur le réseau des transports franciliens, notamment des lignes B et K déjà sursaturées, et de ses incidences sur l'environnement (25 hectares de terres agricoles seront neutralisés pour la construction des 8 km de voies nouvelles au service d'un seul train), l'édile et ses nombreux soutiens (citoyens, associations, écologistes, syndicats) ont alors occupé le chantier chaque matin aux aurores pendant plusieurs semaines pour empêcher les engins de s'activer. De quoi retarder les travaux, mais pas les stopper.
« Le chantier est si vaste, impossible de continuer de le bloquer indéfiniment », concède Didier le Reste, président de l'association Non au CDG Express et qui soutient l'élue mytrienne. Anticipant cette contestation, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, avait confié en novembre une mission de concertation au préfet d'Île-de-France, Michel Cadot, qui a remis son rapport le 4 février. Considérant que « rien ne s'opposait à la signature du contrat de concession », Élisabeth Borne a donné le feu vert au lancement des travaux dès le 5 février, mettant la maire de Mitry-Mory devant le fait accompli. Mais la contestation, elle, ne s'est pas éteinte.
Au vu de l'impact sur les transports du quotidien – d'ores et déjà vérifiés sur les lignes B et K – et de l'immanquable colère des usagers qui s'ensuivra, de nombreux élus de tous bords ont progressivement rejoint le mouvement des opposants au CDG Express. Ils demandent, pêle-mêle : des garanties pour les transports du quotidien ; la suspension des travaux ; un moratoire ; une consultation publique, etc.
Surtout, ils rappellent l'État à ses obligations en matière de financement des transports régionaux et exigent que la priorité soit donnée aux transports du quotidien. « Nous sommes à la veille d'élections locales majeures, municipales, puis régionales et départementales, les électeurs ne manqueront pas de s'exprimer », suggère Didier Le Reste. Pour le préfet d'Île-de-France et la ministre des Transports, les difficultés s'accumulent.
Michel Cadot a pu le vérifier lors de la réunion publique du 18 février, à Mitry-Mory, face à 700 riverains venus exposer leurs craintes et exiger la prise en compte de leurs doléances. Une bronca anti-CDG Express que les arguments du préfet de région n'ont pas su calmer. Pas plus qu'ils n'ont su convaincre les citoyens de la « nécessité de ce train », présenté tantôt comme facteur clé de l'attractivité touristique de la région, tantôt comme le gage de réussite des JO 2024, « alors que le CDG Express ne desservira pas le village olympique et qu'il n'a jamais figuré au dossier de candidature présenté par la mairie de Paris », précise Didier Le Reste.
Resté très évasif sur les conclusions de ce débat, le préfet a toutefois promis un deuxième rapport. Il sera remis fin mars et formulera de nouvelles préconisations, notamment en termes de calendrier des chantiers et de garanties de prioriser la rénovation de la ligne B du RER. Une manière d'éluder la question fondamentale qui a émergé de ce débat, à savoir : « À qui va profiter le CDG Express et pourquoi un tel acharnement du gouvernement à le réaliser contre l'avis de 500 000 opposants ? »
Pour Didier Le Reste, qui voit là tous les ingrédients d'un grand projet inutile, la véritable raison est en lien avec la privatisation d'ADP : « Vinci est le principal candidat à l'achat. Après la perte du chantier de Notre-Dame-des-Landes, il attend son lot de consolation de Macron qui, lorsqu'il était ministre de l'Économie, l'a fait entrer au capital d'ADP en prévision de sa privatisation et avec la volonté d'en augmenter la valeur financière par un moyen de transport dédié et privé qui le rendra plus attractif. » Tout comme un train peut en cacher un autre, un scandale d'État peut parfois en révéler bien d'autres.
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