8 mai 2019 | Mise à jour le 9 mai 2019
Avec son FNME Tour, la Fédération des Mines et de l'Énergie CGT engage une vaste bataille des idées : celle de l'énergie conçue comme bien commun de première nécessité pour une vie digne et celle du besoin d'un service public de l'énergie au service des usagers, non des actionnaires.
C'est une campagne ambitieuse. D'abord, pour l'ampleur du dispositif déployé — une caravane de quatre camions aux couleurs de la FNME-CGT qui va sillonner quinze villes de France pendant trois semaines dans le but de mobiliser salariés, militants, citoyens-usagers et élus locaux. Également d'envergure, le projet politique porté par ce Tour de France de la FNME-CGT : la conquête d'un service public de l'énergie d'intérêt général.
« Un service public qui réponde aux besoins des usagers et non des actionnaires, qui soit le garant de la cohésion sociale, de l'égalité de traitement, de la solidarité sur l'ensemble du territoire et de la protection de l'environnement pour la meilleure qualité au moindre coût », a détaillé Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT en conférence de presse.
S'inscrivant de plain-pied dans le contexte de mobilisation citoyenne autour du pouvoir d'achat, la fédération entend faire connaître ses propositions pour une énergie de qualité, accessible à tous. Parmi elles, celle de la baisse de la TVA de 20 % à 5,5 %. appliquée à la facture de l'usager, qui se traduirait un gain de pouvoir d'achat immédiat et significatif, sera portée haut et fort tout au long de la campagne.
Mettre en lumière le besoin de services publics
Articulée entre la fédération, les syndicats des entreprises visitées tout au long du Tour et les structures territoriales de la CGT, l'initiative de cette caravane permettra de mener diverses actions militantes pour revaloriser l'idée même de service public de l'énergie. À l'appui de précédentes actions à succès menées par divers syndicats et militants de la FNME-CGT — notamment celles des réouvertures sauvages de boutiques EDF — le FNME Tour veut mettre en lumière le besoin de services publics exprimé par les citoyens, notamment lors des mobilisations des gilets jaunes. D'où cette idée d'élargir le débat jusqu'aux secteurs de la santé et des transports, en y associant les cheminots, les personnels hospitaliers et les usagers de ces biens communs.
Hercule, ou les 12 travaux de démantèlement ?
Alors qu'un nouveau projet de réorganisation d'EDF cyniquement baptisé « Hercule » doit être présenté aux syndicats d'EDF le 20 juin, la FNME-CGT cherche aussi à mobiliser contre ce qu'elle considère comme un projet de démantèlement de l'entreprise intégrée. Interrogé au Sénat sur la finalité de cette réorganisation, Jean-Bernard Lévy (PDG d'EDF) avait indiqué qu'il s'agissait de « Permettre à EDF de mieux jouer son rôle d'investisseur pour la transition énergétique et le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises ». Une réponse suffisamment floue pour laisser craindre le scénario du démantèlement d'EDF. D'autant que c'est l'État, actionnaire à près de 84 % d'EDF, qui a demandé à la direction d'EDF, un an plus tôt, de lui soumettre une proposition de réorganisation.
Socialisation des pertes, privatisation des profits
Selon toute hypothèse, on s'orienterait vers la création d'une holding chapeautant EDF Groupe et vers la filialisation de pans entiers de ses activités. « Le schéma type pour faciliter la cession de ces filiales à des opérateurs privés », suggère un responsable syndical d'EDF. Et de fait, dans ce schéma type, seule l'activité nucléaire resterait 100 % sous contrôle public, « Parce que c'est là que se situent les dettes d'EDF et qu'il a fort à parier qu'on va nous rejouer le coup de la socialisation des pertes et de la privatisation des profits », prévient le syndicaliste.
Extraire le bien commun de la logique capitaliste libérale
Inaugurée à Caen le 9 mai, première étape du Tour, la campagne s'attachera à promouvoir cette idée que l'énergie n'est pas une marchandise comme les autres, mais un bien commun de première nécessité pour une vie digne. Il s'agira donc, pour les militants impliqués dans les initiatives du Tour, de gagner les esprits à cette cause portée de longue date par la FNME-CGT : en tant que bien commun de première nécessité, l'énergie doit s'extraire de la logique libérale d'un capitalisme prédateur dont l'unique ambition consiste à servir la rente des actionnaires, sans tenir aucun compte de l'intérêt général et des besoins vitaux des usagers.