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Service public

Grève chez les fonctionnaires, qui battent le pavé partout en France

9 mai 2019 | Mise à jour le 9 mai 2019
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Une mobilisation unitaire qui pourrait n’être « qu’une étape » : les fonctionnaires, appelés à la grève, manifestent partout en France jeudi contre le projet de loi censé « moderniser » leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai.

Marseille a ouvert cette journée avec 3.500 à 4.000 manifestants sur la Canebière, selon un décompte d’un journaliste de l’AFP, tandis que des agents ont défilé ou se sont rassemblés également à Ajaccio et Bastia. Des perturbations ont été annoncées sur l’antenne de France 3 Corse et des retards sur les vols de Air Corsica, en lien avec le mouvement.

À Nice, 6% des écoles étaient fermées comme 60% des cantines, des accueils de matin et du soir, et 40% des crèches tandis qu’un cortège fourni a défilé dans le centre.

A Lyon, ils étaient 3.300 selon la préfecture, 5.300 pour l’intersyndicale, et presque autant à Nantes (3.000 pour la police, 4.000 selon les organisateurs) où enseignants, employés des finances publiques, personnels de la fonction hospitalière soutenus par quelques +gilets jaunes+ ont manifesté. En tête de cortège des employés des urgences du CHU qui scandaient: « des patients partout et pas de soignants », « soignants épuisés, hôpital en danger ».

« Chez nous on compte 222.000 jours d'arrêt de travail en 2018 sur un contingent de 9.500 personnes hors médecins : c’est deux fois plus qu’il y a dix ans » , a déploré Olivier Terrien (CGT) au CHU de Nantes.

À Dunkerque, les douaniers étaient très majoritaires. Ils sont en conflit depuis début mars avec Bercy pour obtenir des moyens et effectifs supplémentaires, un mouvement particulièrement suivi dans les Hauts-de-France autour du point sensible du tunnel sous la Manche. En outre, il n’y a eu aucun trafic de ferries à Calais dans la matinée, en raison d’une grève de la capitainerie levée à midi.

Manifestation unitaire à Paris

Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) représentant les 5,5 millions d’agents publics dénoncent une réforme à « la portée très grave », y compris pour la qualité du service rendu aux citoyens.

Pour le gouvernement, au contraire, elle facilite notamment le recours aux contractuels pour rendre l’administration « plus attractive et plus réactive » face aux « nouvelles attentes » des Français.

Les syndicats ont prévenu que cette journée ne serait « qu’une étape » d’une mobilisation « dans la durée » pour « dire non » au projet de loi présenté en Conseil des ministres le 27 mars et demander au gouvernement qu’il « ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases ».

Le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt leur a opposé jeudi matin sur Cnews une fin de non-recevoir, confirmant qu’il n’y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme « attendue par les agents » selon lui.

« Passage en force »

Chez les enseignants, le ministère indiquait 17,59% de grévistes dans le primaire et 11,68 % dans le secondaire.

Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU , les enseignants déplorent l’absence de réponse sur les salaires mais ils s’inquiètent plus particulièrement pour leur avenir. La « loi pour une école de la confiance », bientôt en discussion au Sénat, « ne répond aucunement aux urgences de l’école » , regrette-t-elle.

Une « forte mobilisation » est également attendue dans les établissements hospitaliers, selon Patrick Bourdillon de la CGT santé/action sociale pour qui « on a atteint un point de non-retour » avec des services « en train d’exploser » .

L’ensemble des syndicats critiquent « un passage en force » du gouvernement, qu’ils accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents.

Le projet de loi sera au menu de l’Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l’été pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020.

Il s’inscrit dans un objectif de suppression de 120.000 postes d’ici à 2022. Un objectif qualifié d' »atteignable » le 26 avril par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, alors qu’Emmanuel Macron s’était dit la veille prêt à « l’abandonner » et a demandé au gouvernement « son analyse d’ici l’été » .

Supprimer 120.000 postes « n’est pas un totem » , a assuré jeudi Olivier Dussopt, « mais il faut aussi faire des économies » .