À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT
Le premier syndicat CGT des entreprises de livraison deux-roues de Paris vient d’être créé, samedi 26 juin. Avec cette ambition : doter tous les travailleurs des... Lire la suite
« Développer les trajets en vélo. » C'est l'une des propositions du projet de loi d'orientation des mobilités, LOM, discutée depuis lundi 3 juin par les députés. Une idée à première vue sympathique, après tout, il est question de verdir nos déplacements, mais dont certains aspects ne déclenchent pas vraiment l'enthousiasme d'Arthur Hay.
Les trajets en vélo pourtant, Arthur, il connaît. Uber Eats, Deliveroo et maintenant au sein de la coopérative qu'il a monté avec des copains coursiers, cela fait plusieurs années que ce titulaire d'un master de gestion humanitaire pédale dans les rues de Bordeaux.
« Il y a un amendement qui est un pas en avant vers les plates-formes », regrette-t-il. « Le gouvernement est sur une idée de charte et attend qu'elles fassent preuve de bonne volonté. C'est trop mou ! Cela ne répond pas du tout aux problèmes que l'on a qui sont que l'on est payés à la tâche et de moins en moins bien. » Des conditions dont la principale conséquence est de « de faire relativiser l'importance d'un feu rouge », témoigne-t-il.
Résultat : trois coursiers décédés en une semaine. En France, en Espagne, au Royaume-Uni. Deux dans un « accident de la route », termes employés par les plates-formes pour occulter ainsi leur responsabilité dans un accident de travail, le troisième, victime d'une attaque en règle de la part d'une bande de jeunes. Des morts et/ou des accidents graves désormais quotidiens dans la profession. « On est atterré mais pas surpris », reconnaît Stéphane Fustec, de la CGT-Commerce, distribution et service.
« C'est catastrophique et cela illustre notre propos qui est de dire : attention, on ne peut pas laisser les plates-formes installer des formes de travail aussi sauvages. Ces chartes, dès lors qu'elles ne sont pas contraignantes, n'apportent rien ni sur la sécurité ni en terme d'amélioration du statut. »
Car si les coursiers sillonnent les rues aux couleurs de « leur » compagnie, ils n'en sont pas pour autant les salariés. Étudiants en quête de petits boulots, jeunes de banlieue, migrants… tous sont auto-entrepreuneurs. Un mot ronflant qui a tout du cache-misère. « Nous n'avons pas de mutuelle avec la société pour laquelle nous travaillons, pas de compensation de salaire en cas d'arrêt maladie et on cotise très mal pour la retraite », détaille Arthur. Quant à faire grève ou se syndiquer, difficile à envisager.
« La loi El Khomri de 2016 nous donne le droit de monter des syndicats mais concrètement, il n'y a pas de cadre légal. Peu importe comment on élit nos représentant, les plates-formes ne sont pas obligés de le reconnaître. Et ça, elles nous l'ont bien fait savoir », poursuit le jeune homme qui, avec l'appui de la CGT, a néanmoins initié un Syndicat des coursiers à vélo de Gironde.
Fortes de leur « expansion », les plates-formes font tout pour faire entrer ce statut, ce sous-statut plutôt, dans les mœurs. Et dans l'hémicycle. À l'image de ce rapport présenté aux députés en avril dernier par l'Institut Montaigne, think tank libéral vantant la « liberté » des travailleurs des plates-formes, et dont on retrouve parmi les participants de hauts responsables de Deliveroo et d'Uber Eats. Vous avez dit lobbying ?
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