L’hôpital est au bord du gouffre
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À Paris, en fin de matinée, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant le ministère, dont une majorité de militants CGT, FO et Sud. Les syndicats avaient appelé à cette journée de mobilisation pour « élever le rapport de force » face à la ministre de la Santé. À leurs côtés se trouvaient des membres du collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement parti de la capitale mi-mars. Un mouvement qui n'a cessé de s'étendre depuis allant, selon le collectif, jusqu’à toucher 95 services d'urgences dimanche.
Reçus à Paris par le directeur adjoint de cabinet de Mme Buzyn, les représentants syndicaux n'ont pas caché leur déception. « Nous ne sommes pas entendus, il va falloir nous montrer plus agressifs, plus virulents », a affirmé l'urgentiste Christophe Prudhomme, de la CGT-Santé.
« Le mouvement de grève est illimité, tant qu'on n'aura pas ce qu'on veut on n'arrêtera pas », a ajouté Candice Laparge du collectif Inter-Urgences. Mme Buzyn avait déjà tenté jeudi dernier, alors que plus de 200 urgentistes manifestaient à Paris, de désamorcer la crise en promettant une « stratégie d'ensemble » mêlant primes pour les personnels, crédits pour les travaux nécessaires et commande d'un rapport pour l'automne. Des mesures qu'elle a rappelées mardi mais qui ont été jugées « insuffisantes » par le collectif Inter-Urgences et les syndicats.
Hôpital public : les urgences en burn out et en grève le 6 juin
Plusieurs actions ont également eu lieu en région. Les urgentistes du centre hospitalier de Valence (Drôme) ont débrayé pendant cinq minutes. « On ne retrouve plus l'essence du métier qui était de prendre soin, prendre le temps », s'est désolé Mélanie Chambre, infirmière ici depuis 7 ans. Ils étaient plusieurs dizaines (soignants, techniciens, agents administratifs…) à se réunir à Lille devant l'agence régionale de santé. « Les urgences vont très mal, les secteurs gériatrique et psychiatrique souffrent, les personnels n'en peuvent plus », a fait valoir Christophe Zauwers, militant CGT et agent de l'hôpital de Denain (Nord).
À Nice, pour la première fois depuis l'annulation de nombreuses opérations en septembre au CHU (environ 8 000 salariés), le doyen de la faculté de médecine Patrick Baqué est sorti du rang pour se joindre au personnel mobilisé devant l'hôpital. « Il n'y a pas d'écoute, pas de dialogue », a-t-il affirmé, déplorant « une gestion autoritaire, voire autoritariste, de l'hôpital qui aboutit à un sentiment d'abandon et d'humiliation de plusieurs catégories de personnel ».
La ministre de la Santé a de son côté défendu son action, qui « ne peut pas se réduire à ce (qu'elle a) annoncé la semaine dernière », a-t-elle affirmé à Libération. « Les urgences payent lourdement tous les problèmes d'organisation » et « il n'y a pas de mesures miracles qui permettraient d'éteindre le feu rapidement », a-t-elle ajouté. Mme Buzyn a assuré que son projet de loi Santé visait notamment à « améliorer l'accueil en ville en amont » et à « ne pas laisser les urgences seules faire face à l'afflux de patients » dans les établissements.
Le texte, adopté fin mars par les députés, a été adopté en première lecture mardi par le Sénat. Sur le terrain, cette réforme semble bien éloignée des préoccupations immédiates. « J'ai vu l'hôpital se dégrader parfois, mais là c'est la dégringolade », raconte Andrée, aide-soignante depuis 38 ans à Gien (Loiret).
Ces deux dernières semaines, le mouvement de grève a franchi un palier avec la recrudescence d'arrêts de travail pour échapper aux assignations : à Lons-le-Saunier, puis à Paris (Saint-Antoine, Lariboisière), des médecins et des infirmiers se sont fait porter pâles, poussant les autorités sanitaires à recourir aux réquisitions ou au volontariat des autres soignants.
Pour contenir cette poussée de fièvre, le directeur de l'AP-HP, Martin Hirsch, a promis « des réponses fortes », à commencer par une hausse des effectifs de ses services d'urgence « parallèlement au nombre de patients », et ce « maintenant, en 2019 ».
Ces renforts se feront via « des embauches supplémentaires, on ne les prend (ra) pas dans certains hôpitaux », a-t-il affirmé sur France Info. Rappelant sur BFMTV qu'il s'agissait « d'une centaine de postes qu'on a proposé de rajouter aux urgences », il a insisté sur le fait que la direction de l'AP-HP « s'engage dans la durée, dès maintenant et pour les années qui viennent ».
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