Victoire historique des agents du nettoyage du campus de Jussieu
Unanimité, ténacité et soutien massif, voilà en gros les ingrédients clés de la recette « gagner une grève ». En l’occurrence, celle des personnels du nettoyage du... Lire la suite
Elles n'ont pas tergiversé avant de décider de se mettre en grève. Et pour cause : ces 20 employées qui assurent l'hygiène et la propreté des relais toilettes au sein de trois gares parisiennes majeures – Lyon, Nord et Austerlitz – savent d'expérience qu'elles n'ont rien à gagner et, tout à perdre, à rechercher un improbable dialogue social avec 2tyheloo.
Déjà, en 2015, lors de la reprise de ce même contrat de sous-traitance proposé par la SNCF – qui passait des mains de Spatio Confort (leur employeur de l'époque) à celles de 2theloo –, elles avaient dû endurer neuf jours de grève pour se faire entendre et obtenir le respect de l’article L1224-1 du Code du travail. Un texte de loi qui oblige tout repreneur d'un marché à reprendre aussi les personnels, et ce, aux mêmes conditions sociales et salariales que celles dont ils bénéficiaient avec le prestataire sortant.
À l'époque, 2theloo avait scindé en deux l'activité des toilettes – nettoyage d'un côté et vente de produits périphériques de l'autre – dans le seul but de se débarrasser des personnels de Spatio Confort. Par ce truchement (consistant en une simple modification de code APE de la partie « commerciale » de l'activité), 2theloo avait fait coup double : réduire de moitié la masse salariale héritée du contrat SNCF et confier les 20 salariées restantes à un autre sous-traitant. En l'occurrence, à la société Derichebourg pour une durée de trois ans.
Or, le contrat avec Derichebourg étant arrivé à échéance, 2theloo est supposé reprendre à son compte les deux activités artificiellement séparées. Mais voilà, tout comme en 2015, la société hollandaise ne l'entend pas de cette oreille. Une oreille qui veut rester sourde aux dispositions légales régissant la continuité de l'activité dans les transferts de contrats de sous-traitance, mais aussi aux revendications des salariées qui, elles, ne demandent qu'une chose : conserver l'emploi qu'elles occupent depuis vingt ans.
« Nous avons adressé un courrier recommandé à 2theloo pour lui rappeler ses obligations légales, mais cette entreprise, qui accorde visiblement autant d'importance au Code du travail qu'à du papier toilette, refuse tout contact avec les personnels et les laisse sans réponse », indique Richard Bloch, défenseur syndical de la CGT Paris.
Faute de quoi, les salariées n'ont eu d'autre choix que de se retourner contre l'entreprise cédante, à savoir Derichebourg, laquelle, pour toute réponse, a mis sur la table des propositions de ruptures conventionnelles. Dans ce « business des toilettes » qui fleure bon la magouille entre rapaces de la sous-traitance, les grévistes comptent désormais interpeller le donneur d'ordres de ce contrat de « mictions », à savoir la SNCF. Celle-ci, en pleine transformation, se passerait bien d'un bis repetita à la sauce 2015, lorsqu’elle fut contrainte par la grève d'intervenir dans la résolution du premier conflit avec 2theloo. « Aujourd'hui, plus encore qu'en 2015, la SNCF ne peut refuser de prendre sa part de responsabilité dans ce nouveau conflit ; c'est elle qui donne les ordres pour que ses sous-traitants, par elle choisis, exécutent un service indispensable au fonctionnement de ses gares », précise Pascale Heurteux, secrétaire générale de l'UL CGT Paris 10e.
En attendant que les diverses parties impliquées dans cet imbroglio juridique de la sous-traitance en cascade réalisent que les salariées ne se laisseront pas traiter comme des déchets, qu'elles ne céderont rien de leur droit au maintien de leurs emplois – une nécessité vitale pour elles – la grève se poursuivra. En pleine canicule, et au risque de provoquer une crise sanitaire dans les principales gares parisiennes.
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