Vidéo - Les femmes subissent aussi la violence au travail
La Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, qui aura lieu le jeudi 25 novembre, est l’occasion de se mobiliser aussi dans le monde du... Lire la suite
« Je suis dégoûtée » affirme ce lundi 25 novembre 2019 Caroline De Haas, l'une des organisatrices du collectif de la grande marche du 23 novembre 2019 contre les violences sexistes et sexuelles. Une marche, à laquelle la CGT avait aussi pris part.
Pour la dirigeante du collectif, le gouvernement « reconduit quasiment à l’identique pour 2020 le budget alloué aux violences en 2019. Ils ne changent pas les politiques publiques. » Et de conclure que « les chiffres des violences ne baisseront pas. »
Le Premier Ministre a cru bon ce lundi de ne même pas faire référence à la grande mobilisation qui s'est déroulée le samedi à Paris et en province. C'est pourtant une véritable marée violette qui a littéralement déferlé sur Paris, les organisateurs y dénombrant 100 000 personnes (49 000 selon des sources moins optimistes), mais en tout état de cause plus de trois fois le nombre de manifestants de l'année dernière.
Mais le chef de gouvernement de présenter son plan comme « un électrochoc contre les violences sexuelles et sexistes » avec une cinquantaine de mesures. En fait, la plupart étaient déjà connues, le tout emballé pour la communication du montant symbolique et non détaillé de plus d'un milliard d'euros, mais… seulement 360 millions pour cette année.
Un tour de passe-passe chiffré qui ne passe pas très bien, Caroline De Haas évaluant pour sa part à seulement 17,3 millions €, les sommes qui seront consacrées aux nouvelles mesures.
Les principales mesures annoncées par Édouard Philippe sont la confirmation de la création de 1000 places supplémentaires d'hébergement permettant de quitter le domicile familial, ce qui au regard des 230 000 femmes victimes de violences conjugales ne saurait suffire.
Suivent ensuite des mesures d'ordre administratif et juridiques, telle que la création de la notion juridique d'« emprise psychologique », la généralisation du dépôt de plainte à l'hôpital, l'instauration de procureurs référents, mesures aussi déjà avancée dès le début du Grenelle et la création, financée à 50% par L'État de centres de prise en charge, pour les hommes violents à hauteur de deux centres par région.
Des modules de formation seront aussi créés à destination des policiers et gendarmes et le numéro d'appel dédié « 3919 » fonctionnera en 24 / 24. Des nouveautés sont aussi annoncées en matière de répression ; la déchéance de l'autorité parentale pour l'auteur d'un homicide conjugal, une peine de prison portée à dix ans et 150 000 euros d'amende pour les initiateurs de « suicides forcés », et l'instauration du bracelet électronique anti-rapprochements.
Comme le déclarait Sophie Binet, dirigeante CGT, à la NVO, le travail reste malheureusement encore l'angle mort de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Et du travail, il n'a guère été question dans les mesures du Grenelle, hormis la possibilité évoquée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, de pouvoir débloquer en urgence l'épargne salariale. Une solution qui, là aussi ressemble, à une goutte d'eau dans un océan de problèmes. La CGT avait dénoncé, dès avant la campagne de communication du gouvernement sur le sujet, l'exclusion des organisations syndicales de la réflexion de ce Grenelle.
La confédération avance pourtant des propositions concrètes, comme l'interdiction du licenciement des femmes victimes de violences conjugales. En appui sur les avancées enregistrées dans le monde, la CGT réclame aussi la ratification par la France de la Convention 190 de l'Organisation Internationale du Travail. Adoptée en juin 2019, le texte sur la violence et le harcèlement prévoit notamment des droits à des congés et la mobilité des salariées victimes de violence.
Malgré le peu de consistante du plan gouvernemental, la marche historique du 23 novembre 2019 ouvre de formidables espoirs pour d'autres mobilisations. Sophie Binet y voit « Une dynamique qui ne s'arrêtera pas à quelques annonces gadgets du gouvernement et sur laquelle nous appuyer pour gagner la mobilisation contre la réforme des retraites. Quel rapport ? L'indépendance économique. Quand près de 40% de femmes touchent une pension nette de moins de 900€, comment échapper aux phénomènes d'emprise et quitter un conjoint violent ? »
Or la réforme Delevoye fera reculer les droits à pension en général. Cependant, les femmes, du fait de leurs carrières hachées et des inégalités salariales seront encore plus impactées que les hommes, tant sur la diminution du montant de leur pension, que sur la nécessité de travailler plus longtemps.
C'est aussi une autre sorte de violence, sociale cette fois, que ce gouvernement entend exercer à leur encontre au travers cette réforme. Et sans doute les femmes seront-elles aussi très nombreuses à venir battre le pavé le 5 décembre 2019.
Interview de Sophie Binet sur le Grenelle des violences conjugales
La Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, qui aura lieu le jeudi 25 novembre, est l’occasion de se mobiliser aussi dans le monde du... Lire la suite
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi 25 novembre à Paris pour réclamer des "mesures fortes" contre les violences faites aux femmes et aux enfants, et... Lire la suite