20 décembre 2019 | Mise à jour le 20 décembre 2019
À nouveau, malgré le rejet massif du projet gouvernemental de réforme des retraites et de puissantes mobilisations, Edouard Philippe a affirmé le 19 décembre qu'il le maintenait en l'état. L'intersyndicale appelle à amplifier la mobilisation et « à une nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelles et inter générationnelles le jeudi 9 janvier 2020 ».
Après deux semaines de grèves contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, après trois journées de grèves et manifestations interprofessionnelles, alors que la majorité des citoyens rejette le projet, et après deux jours de rencontres bilatérales puis multilatérale avec les organisations syndicales et patronales, le Premier ministre a annoncé jeudi 19 décembre qu'il avait entendu, mais qu'il ne changerait rien.
Monologue social
Emmanuel Macron et Édouard Philippe se sont d'abord rencontrés une heure à l'Elysée ce jeudi 19 décembre pour « s'accorder sur les orientations prises » avant une réunion multilatérale à Matignon.
Les organisations syndicales « représentatives » (ayant obtenu plus de 8% aux élections professionnelles) étaient invitées à cette multilatérale : CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC. L’Unsa, non-représentative mais favorable à un système de retraites par points comme le souhaite le gouvernement (comme la CFDT, tout en s’opposant notamment à « l’âge pivot »de départ en retraite qui associerait un départ avant 64 ans à un malus), était également conviée, contrairement à la FSU ou Solidaires, membres de l'Intersyndicale en lutte contre le projet du gouvernement.
« La FSU est la première fédération dans l’Education. Ne pas nous recevoir est un très mauvais signal, cela signifie que le gouvernement ne prend pas en compte ce que nous disons », a déploré Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, tandis qu'Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, ajoutait : « Les organisations de jeunesse non plus ne sont pas invitées, ce qui est bizarre, puisque le gouvernement prépare un projet qui les concerne ».
Sur le fond, Emmanuel Macron avait laissé entendre le 17 décembre qu'il était « disposé à améliorer » (sic) la réforme, notamment sur la question de « l'âge pivot », ce dont la CFDT a fait une ligne rouge. Le Premier ministre a fait savoir que même sur ce point l'Exécutif s'entête. Mais surtout, Edouard Philippe maintient coûte que coûte son projet de passage d'un système solidaire par répartition à un système à points. C'est bien ce que rejette pourtant la majorité de la population. Près de six Français sur dix (57%) se disent opposés à cette réforme des retraites, soit un rejet encore en hausse selon un sondage Elabe pour BFMTV publié le 18.
La mobilisation s'amplifie
« Il n'y a rien de changé par rapport à ce que vous avez déjà entendu, si ce n'est un programme de réunions en janvier », a donc dénoncé devant les journalistes Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à sa sortie jeudi de Matignon. Le gouvernement a notamment fait peu de cas des propositions de la Confédération, visant à améliorer notre système solidaire de retraites pour que chacun puisse partir à 60 ans avec un taux de remplacement d'au moins 75% des derniers salaires , et de ses propositions financières.
Dans un tel contexte, la mobilisation se poursuit et s'amplifie dans de nombreux secteurs. Après la journée interprofessionnelle du 17, plusieurs cortèges ont à nouveau été organisés le 19 dans toute la France, et les assemblées générales de reconduite de la grève se multiplient dans nombre de secteurs publics et d'entreprises privées.
Pour tenter de contourner la grève du secteur des transports, le gouvernement a été jusqu'à prendre un arrêté qui permet aux chauffeurs de transport routier de voyageurs de rouler 2 heures de plus par jour jusqu’au 24 décembre. En dépit des conséquences pour leur santé et pour la sécurité de tous.
L'Intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC, Fidl, Unl, Unef Mnl), elle, appelle dans un communiqué commun publié le 19 décembre « à une nouvelle puissante journée de grève et de manifestations interprofessionnelles et inter générationnelles le jeudi 9 janvier 2020 » et à des actions locales jusqu’à fin décembre, pour amplifier le mouvement.