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Répression antisyndicale

Amiante : trois syndicalistes lanceurs d’alerte menacés de licenciement chez Verallia

18 janvier 2020 | Mise à jour le 18 janvier 2020
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C'est ce mardi 21 janvier  que les trois délégués syndicaux mis à pied par Verallia sauront s'ils sont licenciés ou non. Leur faute ? Avoir dénoncé la présence d'amiante dans leur entreprise. Un matériau pourtant considéré comme dangereux pour la santé et interdit depuis 1997 en France.

Les journées du 20 et 21 janvier s'annoncent mouvementées devant le site de Verallia, entreprise spécialisée dans la production de bouteilles et autres pots en verre pour des produits alimentaires, situé à Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, où l'on s'attend à un grand rassemblement de salariés du groupe mais encore de tout le département.

La raison d'une telle mobilisation ? « La mise à pied conservatoire immédiate et non rémunérée avec interdiction de travailler » annoncée à trois délégués syndicaux CGT de l'entreprise « le jeudi 9 janvier vers 18 heures » !

Mise à pied que la direction justifie par l'intrusion de « journalistes dans le local syndical, ce qui est contraire au règlement intérieur, et l'émission d'un trac jugé diffamatoire ». Prétextes peu convaincant aux yeux des délégués concernés qui constatent que cette attaque brutale fait surtout suite au « droit d'alerte amiante signé par les dix membres du CSE, titulaires et suppléants, tous CGT, le 6 janvier ».

Un droit d'alerte « pour risque grave pour la santé publique et l'environnement par pollution à l'amiante » qui tombe plutôt mal pour Verallia alors que l'entreprise vient de faire son entrée en Bourse en octobre dernier, mais témoigne surtout des conditions dans lesquelles travaillent les salariés de cette usine depuis juillet 2019, voire avant.

Trois prélèvements contenaient de l’amiante

« Le 16 juillet 2019, un incendie sur un four s'est propagé jusqu'à la toiture en fibrociment et les salariés ont dû reprendre le travail le soir même, le patron allant jusqu'à demander à des gars sur une civière de se relever et redémarrer le boulot », rappelle Christophe, l'un des trois mis à pied.

« Tout le monde était un peu abasourdi mais le travail a repris. Sauf que le weekend d'après, il est tombé des trombes d'eau et que la pluie passait à travers les trous du toit. Des morceaux de toiture, des trucs fibreux, légers, se sont ensuite mis à tomber ». Et cela n'a, depuis, cessé.

De quoi provoquer l'inquiétude dans cette usine dont certaines parties n'ont toujours pas été désamiantées, notamment la toiture. Fin octobre, la CGT contacte donc un laboratoire d'analyses et lui fait parvenir des prélèvements de matière effectués en quatre lieux différents de l'atelier. Le 7 novembre, les résultat arrivent : « sur ces quatre prélèvements, trois contiennent de l'amiante ».

Inacceptable pour l'organisation syndicale, d'autant moins que la direction n'a à lui opposer que des résultats sur la qualité de l'air prise deux jours après l'incendie de juillet 2019. Et continue de nier la présence possible d'amiante. « Légitimement inquiète des effets de cette exposition potentiellement mortelle » sur les salariés, mais aussi « la population chalonnaise », la CGT lancera finalement son droit d'alerte.

La solidarité s’organise dans les autres sites du groupe

Autant dire que, dans un tel contexte, les mises à pied des trois syndiqués ont du mal à passer. Au sein de l'usine, certes, mais également dans les sept autres sites français du groupe qui se sont mis en grève et mèneront une action nationale lundi 20 janvier, chacun envoyant également une délégation pour soutenir leurs camarades de Chalon-sur-Saône.

Et la coordination CGT de Verallia pourra également compter sur le renfort de la Fédération du verre, des relais départementaux et locaux pour venir grossir ses rangs. « On sait que l'on n'est pas seuls, ça aide », confirme Christophe.