27 janvier 2020 | Mise à jour le 5 février 2020
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a accueilli « sans surprise » l’avis critique du Conseil d’État sur le projet de loi retraites. « Une réforme floue » et « seulement argumentée par le besoin de faire des économies ».
« J’ai accueilli l’avis du Conseil d’État sans surprise », dit Philippe Martinez dans une interview à L’Humanité publiée lundi. « Cela fait des mois que l’on dit que le gouvernement s’apprête à faire passer une réforme floue, non fondée et seulement argumentée par le besoin de faire des économies », ajoute le numéro un de la CGT.
« Il est demandé aux députés de signer un chèque en blanc »
« Le Conseil d’État confirme donc qu’il est demandé aux députés de signer un chèque en blanc », selon lui. Philippe Martinez estime qu’il est « encore temps pour le gouvernement de retirer son projet de loi et de discuter sur un projet plus juste et plus solidaire ».
Saisie le 3 janvier, la plus haute juridiction administrative française a critiqué le choix de recourir à 29 ordonnances, ce qui « fait perdre la visibilité d’ensemble », et a pointé des projections financières « lacunaires ».
« Ça va être une grande première dans la Ve République : on va demander aux députés de se déterminer sur un texte dont la moitié des choses importantes est renvoyée à plus tard », relève Martinez. « Cette loi “simple et juste”, personne n’y comprend rien », a-t-il ajouté.
Le Conseil d’État souligne également que le projet de loi « intervient dans un contexte de relative solidité du système français de retraite, en raison notamment des réformes des années récentes qui ont permis de sécuriser son financement ».
Matignon ne sait pas compter
La CGT a réagi sous la forme de l’ironie à l’avis du Conseil d’État dans un communiqué intitulé « Allô Matignon ? On a encore un problème ? », et publié en fin de journée. « Allo Matignon ? On a un problème : il est où votre système de retraite plus simple et plus juste ? », écrit la CGT. « Allô Matignon ? On a un problème: Quand vous vous engagez solennellement à ce que l’examen du projet de loi se fasse dans des conditions normales puis que vous décidez finalement une procédure accélérée, vous nous prenez pour des quiches ? », ajoute le syndicat.
À propos du recours à 29 ordonnances : « Allô Matignon ? Le respect de la démocratie c’est vraiment pas votre truc non ? » Quant « aux projections financières lacunaires » relevées par le Conseil d’État, le syndicat demande : « Allô Matignon ? Alors on ne sait pas compter ? »