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SANTÉ

Les centres médico-psycho-pédagogiques menacés

9 mars 2020 | Mise à jour le 9 mars 2020
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Les nouvelles orientations testées par l'ARS sur les centres médico-psycho-pédagogiques de Nouvelle-Aquitaine n'annoncent rien de bon pour l'ensemble de ce dispositif au niveau national. Une mauvaise nouvelle pour les centaines de milliers de jeunes en difficultés qui franchissent leurs portes chaque année.

Les plus de quatre cents centres médico-psycho-pédagogiques répartis sur le territoire national pour aider, grâce une prise en charge et un suivi, les enfants et ados présentant des problèmes au sens large du terme – difficultés d'apprentissage, troubles psychomoteurs ou comportementaux, voire autisme – dans le cadre scolaire ou au sein de leur famille sont-ils menacé de disparition ?

La question se pose très sérieusement alors que l'Agence régionale de santé de la Nouvelle Aquitaine faisait parvenir, fin 2019, de nouvelles directives à la quarantaine de CMPP de la région. Accompagnées d'un cahier des charges plutôt « choquant » selon Alice Bruneau, déléguée syndicale des PEP 86, les Pupilles de l'enseignement public de la Vienne, dont dépend le CMPP de Poitiers. Ce, à plus d'un titre.

Les troubles « légers » ne seraient plus pris en charge

Finie en effet la possibilité laissée à chaque famille de venir directement et voir son enfant pris en charge si besoin est. « Maintenant, pour obtenir un rendez-vous, il faut être orienté par un spécialiste de la MDPH [Maison départementale des personnes handicapées, ndlr] ou par le RASED [Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, ndlr] et correspondre à certains critères pour pouvoir ne serait-ce qu'être reçu », dénonce Alice.

Oubliées également la multiplicité, la diversité des personnes accueillies. « Ce qui est aujourd'hui demandé aux CMPP, c'est de se repositionner beaucoup plus sur les troubles neuro-développementaux, donc sur l'autisme, la dyspraxie… » Les autres, ceux que l'ARS considère comme des « troubles légers », devant se rabattre vers « une psychiatrie et une pédopsychiatrie hospitalières qui ne peuvent déjà plus recevoir personne » ou vers « les libéraux et le privé ».

La réorientation n'épargne pas non plus le personnel. « On demande aux psychologues de changer complètement d'approche et de devenir neuro-psychologues en trois jours. C'est complètement aberrant », ne peut que constater la syndicaliste. Quant à la confidentialité que procurait jusque là les CMPP aux enfants et leur famille, elle vole aussi en éclat. L'ARS invitant ses médecins à exercer « hors les murs » et se rendre dans les écoles.

Les familles laissées dans l’ignorance

Tout aussi aberrant est le calendrier imposé par l'Autorité régionale de santé de la Nouvelle Aquitaine à ses CMPP. « Les directives sont tombées fin 2019 et on nous demande un plan d'action avant le 31 mars pour que tout soit bouclé fin décembre », affirme Alice, qui regrette également que cette exigence de rapidité se fasse à l'insu des familles, des enfants aujourd'hui suivis.

« Les professionnels ont l'interdiction formelle d'informer les familles et ce serait une faute grave s'ils le faisaient. C'est-à-dire que, pour l'instant, ils reçoivent des gens dont ils savent pertinemment qu'à partir du mois d'avril ils n'auront plus de rendez-vous mais ils ne peuvent pas leur dire. » Bonjour l'éthique !

Pas vraiment de bonnes nouvelles pour les enfants, leurs familles donc. Ni pour les professionnels. Lesquels, le premier choc passé après la découverte de ces dispositions, se sont immédiatement mobilisés. « Très rapidement des collectifs se sont formés. Chez nous, dans la Vienne, à Bordeaux bien sûr, où tout est géré, mais aussi un peu partout en Nouvelle Aquitaine. La Fédération des CMPP a diffusé toutes ces informations et tout le monde est en train de se mobiliser », se réjouit Alice qui annonce une « manifestation le 13 mars devant le siège, à Bordeaux, pour défendre les CMPP et certaines valeurs ».

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Le médico-social attaqué

Mais pas que. « On y va aussi pour défendre tout un secteur médico-social qui très attaqué et remis en cause en ce moment », assure la syndicaliste qui, pour ce rassemblement, attend le soutien des collègues des instituts médicaux éducatifs ou d'éducation motrice, de l'enseignement et de la formation à distance, de l'aide sociale à l'enfance ou des foyers.

« On va de plus en plus vers la privatisation. Des plates-formes se mettent en place, des appels d'offres sont lancés, on met en concurrence les établissements… », regrette Alice Bruneau. « Où est la notion de service public ? »