26 mars 2020 | Mise à jour le 27 mars 2020
Comment les salariés et les militants syndicaux s'adaptent à cette réalité ? Ceux qui travaillent de chez eux, ceux qui sont tenus de se présenter à leur poste… Chaque jour, la NVO vous raconte le quotidien des travailleurs à l'heure du Covid-19. Aujourd'hui : les ambulanciers privés.
Report des soins non essentiels ou de confort obligent, l'activité des ambulanciers du secteur privé est à la baisse. Quant à ceux qui œuvrent encore, les mieux équipés, ils font désormais face au manque de matériel…
Le manque de matériel contraint les équipes
« Sur le terrain, c'est un peu compliqué. On a eu suffisamment de matériel au début, maintenant ça commence à se faire plus rare », témoigne Corentin Maris, élu au CSE de Jussieu Secours-Caen, entreprise privée proposant un service d'ambulance. Une situation qui l'inquiète d'autant plus que Jussieu Secours fournit en matériel de protection, surblouse, gants et autres masques, les autres sociétés de transports sanitaires du Calvados.
Du coup, pour Corentin et ses collègues, c'est « masque FFP1, gant et lavage de mains à la solution hydro-alcoolique », le strict minimum, pour les patients dits « ordinaires », ceux qui sont sous dialyse ou ont un rendez-vous obligatoire, et « blouses à usage unique, charlotte, lunettes et masque FFP2 » pour ceux qui présentent une suspicion d'infection. Procédure à laquelle s'ajoute, dans ce dernier cas, la « désinfection complète de l'ambulance au moyen d'un gaz vaporisé pendant une bonne demie heure » au retour du véhicule à sa base.
Une activité à la baisse
Un respect du protocole plus que nécessaire aujourd'hui. Mais que certaines entreprises ne peuvent respecter. « Toutes ne vont pas sur des Covid-19 parce qu'il faut être équipé et qu'elles ne le sont pas. D'autres choisissent de ne pas le faire, ce qui peut se comprendre », constate l'ambulancier. « Il faut du matériel et du personnel en nombre. Pour les petites entreprises, c'est compliqué. Il suffit qu'une ou deux personnes ne travaillent pas pour que l'entreprise ne puisse plus tourner. »
Résultat : « contrairement à ce que l'on pourrait croire, les ambulanciers sont pas débordés et il y a de plus en plus de chômage à temps partiel dans les entreprises sanitaires », affirme Sébastien Davy, secrétaire fédéral à la Fédération des transports en charge des ambulanciers privés.
« Toutes les activités qui ne sont pas nécessaires, comme la kinésithérapie, les soins qui ne relèvent pas de l'urgence, n'ont plus lieu », explique-t-il. Quant à ceux qui, comme Corentin, sont toujours en activité : « ils sont comme pas mal de personnes de la santé, ils manquent de matériel ».
Les protections et l’hygiène défaillantes
Et il n'y a pas que cette pénurie qui énerve le syndicaliste. « Le plus scandaleux, c'est que, quand tu parles ambulanciers, tu penses milieu médical, où l'hygiène et la sécurité devraient être le premier message à passer. On en est loin ! »
Faux plafonds qui tombent, fuites dans la plomberie, électricité hors normes, les exemples ne manquent pas selon lui. Sans oublier que « les ambulanciers rentrent avec leur tenue et la lavent chez eux parce qu'ils n'en ont pas d'autres. Avec la machine à laver de la famille. Vous imaginez ! ».
Pour autant, Sébastien Davy ne veut pas jeter la pierre sur ces seuls employeurs qui n'ont d'autres mots que « coût » et « rentabilité » à la bouche. Si la patronat est le « premier responsable » de cette situation, il n'est pas le seul. « La CGT a envoyé une multitudes de courrier pour interpeller l'Autorité régionale de santé de Normandie sur les problème d'hygiène et sécurité dans ces entreprises et lui demander à ce que les règles et le droit soient appliqués. Elle ne le fait pas. »