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Coronavirus

Le télétravail, ça ne s’improvise pas

28 avril 2020 | Mise à jour le 6 mai 2020
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On estime à 7,5 millions le nombre de Français actuellement en télétravail, dont 45 % seulement arrivent à s'isoler toute la journée et 44 % sont en « détresse psychologique » selon un sondage OpinionWay. L'Île-de-France, où le secteur tertiaire représente près de 90 % des emplois, est particulièrement concernée.

«Certains salariés demandent, depuis des années, à être en télétravail une partie de la semaine et leur employeur l'a toujours refusé. Avec le confinement, ce qui n'était pas possible hier est devenu obligatoire aujourd'hui… », relate, quelque peu amère, Caroline Blanchot, cadre à la SNCF, secrétaire nationale à l'Ugict-CGT et membre de l'union régional CGT d'Île-de-France.

« Chez nous, on disait qu'il était impossible d'accéder au serveur depuis l'extérieur », confirme Léa, cadre dans une mairie d'Ile-de-France. Avec la crise du ­Covid-19, le problème s'est miraculeusement résolu et le service informatique de cette ville de 30 000 habitants a pu équiper les agents rapidement. Mais la mise en place technique ne résout pas tout.

« Les échos que j'ai, c'est que beaucoup sont épuisés car surchargés de travail », confie Caroline Blanchot, qui évoque « la réunionite aiguë et la multiplication des coups de fil ». « Des managers ont voulu raccourcir les échéances pour livrer les prestations aux clients plus rapidement et être sûrs de pouvoir les facturer », témoigne Cécile (prénom modifié à sa demande), cadre chez CGI France (services et conseils en technologies de l'information). Résultat : « Des salariés se retrouvent sous l'eau, obligés de travailler tard le soir et le week-end. »

Des collectifs de travail « cassés »

« Dans certaines boîtes, ils veulent profiter de cette période pour faire des choses qu'ils ne font pas d'habitude », poursuit Caroline Blanchot. Exemple : des réfections de voies à la SNCF, qui en temps normal peuvent s'étaler sur des années. « Tout cela s'organise : il faut monter des projets, commander le matériel, gérer les compétences humaines, mettre en place des plans de travail… », détaille-t-elle.

Autre difficulté : la réorganisation du domicile. « On n'a pas forcément un espace aménagé chez soi, sans même parler de bureau », constate Léa, à qui des collègues ont parlé de « problèmes de TMS [troubles musculo-squelettiques] et de mal de dos ». « La présence d'enfants amène des difficultés supplémentaires, note Caroline Blanchot. Il faut les occuper et, pour ceux en âge scolaire, se connecter à Internet, avoir une imprimante pour les devoirs… J'ai, par exemple, un enfant en CP qui a une visioconférence tous les jours à 14 heures avec son enseignante. »

D'où l'obligation, pour certains, de partager l'ordinateur qui sert au télétravail. « L'Apec [Association pour l'emploi des cadres] fait partie de ceux qui avaient déjà pensé le télétravail avant cette crise. Certains téléconseillers ayant des enfants ont tout de même voulu maintenir des rendez-vous pris avant le confinement, mais ils ont dû abandonner », ajoute Jean-Luc Molins, secrétaire national à l'Ugict-CGT, qui a co-écrit un guide sur la négociation du télétravail.

Et les soucis ne sont pas que matériels : « Les collectifs de travail et de réflexion sont cassés », remarque ­Caroline Blanchot. « Lorsqu'il n'existe pas d'encadrement négocié [du télétravail] propre à l'entreprise ou au service public concerné, sa mise en place va relever plus du bricolage que d'une réelle mise en situation opérationnelle des différents membres du collectif de travail », prévient d'ailleurs l'Ugict-CGT. Et c'est là un des nombreux enjeux du « jour d'après ».

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