La pandémie de coronavirus pourrait, au-delà de la crise sanitaire, avoir des conséquences sociales tragiques d'une ampleur incalculable. Quelque 135 millions de personnes dans 55 pays étaient au bord de la famine en 2019, ce nombre pourrait pratiquement doubler d'ici à la fin de l'année, indique un rapport de l'Organisation des Nations unies (ONU) présenté le 21 avril au Conseil de sécurité par la FAO et le Programme alimentaire mondial.
En cause, d'abord, les pertes de revenus et d'emplois dans le monde. Selon l'OIT, en un trimestre, le monde a perdu plus de 195 millions d'emplois et 1,25 milliard de personnes courent un risque élevé de licenciement ou de réduction de salaire fin 2020. Cela conduit l'agence onusienne à qualifier cette période de « crise mondiale la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale ».
D'autant que deux milliards de personnes occupent un emploi informel, soit plus de 60 % de la population active dans le monde selon les derniers chiffres de l'OIT publiés en 2018. En Afrique, c'est le cas de 85,8 % des emplois (68,2 % en Asie et Pacifique, 68,6 % dans les États arabes, 40 % pour les Amériques et 25,1 % en Europe et en Asie centrale).
La majorité des travailleuses et travailleurs concernés ne disposent ni de protection sociale, ni d'indemnités chômage, ni de droit du travail, ni de conditions de travail décentes. Pour l'énorme majorité, confinement signifie perte de tout revenu. À quoi s'ajoutent les inégalités d'accès à la protection sociale (plus de la moitié de la population mondiale n'en bénéficie pas) ou à l'assurance chômage (un privé d'emploi sur cinq peut prétendre à des indemnités).
En cause, également, le modèle économique et commercial mondial, ainsi que le mécanisme de la dette qui asphyxie les économies des pays les plus vulnérables. C'est ce qui a amené quelque 200 organisations — dont la CGT — à réclamer l'annulation des dettes de ces pays.
Pour la CGT, l'OIT devrait organiser rapidement une conférence internationale pour tirer les leçons de la crise sanitaire mondiale et de ses conséquences sociales et élaborer une nouvelle déclaration de Philadelphie sur la justice sociale mondiale, les services publics, la primauté du monde du travail sur celui de la finance…