À Tours, l’ombre de la délocalisation chez STMicroelectronics
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C'est le 4e plan social en quatre ans. Un rituel annuel depuis le rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia en 2016.
Mais à la différence des précédents, cet énième plan dit de « restructuration » se révèle particulièrement indigeste, ainsi que l'exprime l'intersyndicale CFDT-CGT-CFE-CGC de Nokia France, au sortir du CSE extraordinaire du 22 juin, en se déclarant littéralement « écœurée ».
« Ce qui nous a été annoncé ce matin, c'est un coup de massue, explique à la presse un élu CFDT du CSE. On nous dit, en gros, que nous coûtons trop cher et que nos activités dans le domaine de la 5G seront faites par d'autres, ailleurs qu'en France. »
L'annonce de ce PSE qui va sabrer 1 233 postes, soit un tiers des effectifs français, est d'autant plus choquante qu'elle intervient au terme d'un bilan « crise Covid-19 » très salutaire pour la firme. « Durant toute la période du confinement, le management a salué les efforts consentis par les salariés, les gains de productivité supplémentaires et l'avance prise sur certains programmes en cours de livraison », indique le délégué syndical central CGT, Philippe Mulot.
Jusque-là habitués à « encaisser » des plans de restructuration supprimant et\ou délocalisant en moyenne 400 à 500 emplois par an, essentiellement dans les fonctions supports, les syndicats de Nokia France peinent aujourd'hui à cerner la logique et les finalités stratégiques de ce nouveau PSE, différent de tous les autres par son ampleur et, surtout, par son ciblage.
Car cette fois-ci, la saignée des effectifs touche plus directement la R&D, c'est-à-dire le cœur de métier de l'entreprise dans le domaine des technologies stratégiques – telles que la 5G, marché à la concurrence féroce où Nokia figure dans le trio de tête des leaders mondiaux, derrière Huawei et Ericsson – ou encore, de la cybersécurité, dont le site de Lannion (Côtes-d’Armor) était promis à devenir un pôle d'excellence.
Or, le PSE annoncé lundi 22 juin prévoit la suppression de près de 400 des 800 postes du site breton, et 831 des 2 900 postes du site de Nozay, en Essonne. Cherchez l'erreur ! « Nokia est en train d'abandonner la France en laminant sa R&D », s'indigne Claude Josserand, de la CGT Nokia Nozay. « C'est la trahison de tous les engagements pris avec les politiques et les salariés en 2016 », poursuit-il en déplorant les suppressions à venir de postes de « jeunes talents » recrutés en R&D pour le développement de la 5G.
Autant d'emplois arrachés de haute lutte par l'intersyndicale à une direction, à l'époque déjà rétive à tenir ses engagements pris avec le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. Saluant cette opération de rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia, en 2016, le ministre d’alors avait demandé et obtenu l'engagement de Nokia de maintenir 4 200 salariés en France dont 2 500 dans la recherche, jusqu'en 2020.
Philippe Mulot, délégué syndical central CGT basé à Lannion, rappelle que Nokia aurait bénéficié de 76 millions d'euros de CIR (crédit impôt recherche) par an, depuis 2016. Cet argent public doit-il servir à financer la destruction de l'emploi et le laminage d'une industrie phare dans le domaine des technologies de communication ?
Telle est l'une des questions clé que l'intersyndicale CFDT-CGT-CFE-CGC entendait soumettre aux responsables politiques lors d'une première rencontre avec le ministère de Bercy, mardi 23 juin. Question susceptible d'éclairer – à défaut de les élucider – les visées stratégiques de Nokia France et le sens de ce plan social incompréhensible, voire absurde du point de vue des représentants des salariés.
Petit indice : la date de ce PSE annoncé fin juin 2020 correspond, sur le papier, à la fin des engagements de maintien de 2 500 emplois en R&D pris par Nokia auprès d’Emmanuel Macron lors du rachat d'Alcatel-Lucent (ALU). Engagements dont la date de péremption, sur du si court terme, aurait dû interroger les salariés et leurs syndicats.
Passé le choc de cette annonce, l'intersyndicale – qui précise ne pas attendre son salut de Bercy – travaille à l'élaboration d'une riposte stratégique. Une contre-offensive qui aura pour premières expressions deux manifestations dans les semaines à venir : l'une à Paris, depuis l'ambassade de Finlande jusqu'à Bercy, et l'autre à Lannion, avec force élus locaux de tous bords, salariés et citoyens du cru.
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