Hôpital public : un démantèlement programmé ?
Samedi 14 septembre, à Nantes (Loire-Atlantique), près de 300 personnes se sont mobilisées pour dénoncer « le démantèlement du service public de santé ». Un appel... Lire la suite
En pleine crise sanitaire, le groupe pharmaceutique Sanofi a annoncé la suppression de 1 700 postes en Europe, dont 1 000 (sur 25 000) en France. L'annonce a fait l'effet d'une douche froide. Mi-juin, lors de la visite d'Emmanuel Macron, le groupe annonçait un investissement de 610 millions d'euros dans le développement des vaccins, avec la création d'une nouvelle usine en France et 200 emplois à la clé.
Avec la crise sanitaire, et un bond de 20 % des ventes de Doliprane, Sanofi a vu son chiffre d'affaires croître de 6,9 % au premier trimestre 2020. Quatre milliards d'euros de dividendes ont été distribués aux actionnaires. Malgré ses bons résultats financiers, le groupe a entériné un plan d'économies de deux milliards d'euros d'ici à 2022, notamment par l'arrêt de la recherche sur le diabète et le cardiovasculaire…
Le fleuron de l'industrie pharmaceutique fait valoir une « nouvelle stratégie » mais, pour la CGT, cette stratégie est avant tout financière. Au regard des résultats financiers, quel autre objectif que la profitabilité à tout prix peut motiver ces destructions d'emplois ?
L'État ferme les yeux. Pourtant, ces dix dernières années, l'entreprise a empoché 1,5 milliard de crédit d'impôt.« Les entreprises ont beaucoup de droits et très peu de devoirs », déplore Jean-Louis Peyren, coordinateur des syndicats CGT du groupe Sanofi.
Cette restructuration est la dernière d'une longue liste. Ces cinq dernières années, le géant industriel a supprimé 5 000 emplois. « Depuis quinze ans, on vit une à deux réorganisations par an. On ne connait pas la stabilité. Sanofi montre qu'il a tout pouvoir sur les salariés. C'est un management par la peur, d'autant plus efficace qu'il y a un chômage de masse », expose Jean-Louis Peyren.
Si le groupe affirme que les départs se feront sur la base du volontariat, la CGT dément : l'activité du site de Strasbourg va être transférée à Vitry-sur-Seine, condamnant ainsi le site alsacien, tandis que Sanofi va accélérer la sous-traitance du service informatique.
Le « jour d'après » a le goût amer du « jour d'avant ». « La pandémie liée au Covid-19 nous a malheureusement donné raison, plus personne ne peut le nier. Et pourtant, le choix est fait de sauver la finance, le capitalisme, plutôt que le progrès et la protection de la nation, de ses citoyens », constate la Fnic-CGT.
Les belles paroles présidentielles — « Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », déclamées lors de l’allocution du 12 mars — ont fait long feu.
Pour Jean-Louis Peyren, il existe pourtant une solution : « Faire un grand pôle public du médicament serait le meilleur outil pour garantir l'indépendance de la France en termes de fabrication de médicament. Cela permettrait de baisser le coût du médicament, et donc le coût pour notre Sécurité sociale. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a créé la Sécurité sociale, à la fin de cette guerre sanitaire, il faut créer ce pôle public. La santé ne doit pas être laissée aux mains du privé. »
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