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Inde : mobilisation historique contre la politique de Narendra Modi

9 décembre 2020 | Mise à jour le 9 décembre 2020
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La plus grande démocratie au monde, avec son 1,3 milliard d'habitants, est en ébullition. Une grève unitaire, plus de 200 millions d'Indiens dans les rues : la faute à un Premier ministre à l'idéologie nationaliste-hindouiste et ultralibéral, décidé à favoriser les grands groupes au détriment des plus pauvres  et à se débarrasser du Code du travail.

De mémoire de syndicaliste indien, on n'avait jamais vu cela. Le nombre des participants aux manifestations, appelées par pratiquement l'ensemble des organisations syndicales et/ou agricoles, estudiantines et autres le 26 novembre dernier, est en effet à la démesure du pays : entre 200 et 250 millions de personnes dans un pays quasiment à l'arrêt.

Politique nationaliste et libérale

« Le programme politique de Narendra Modi est celui d'une droite classique qui est de favoriser les grosses entreprises au détriment des plus pauvres », explique Sylvain Goldstein, conseiller confédéral international en charge de l'Asie et du Pacifique, qui rappelle que « ce conflit social a commencé en janvier avec les mesures prises par le gouvernement du BJP [parti nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi, ndlr] qui ont d'abord touché les travailleurs ».

Mesures qui consistaient alors essentiellement à favoriser de désinvestissement de l'État dans l'économie au profit d'une privatisation accrue, dans la banque, les transports, les communications, l'énergie… et à réformer le code du travail. Face à l'intransigeance et au mépris du gouvernement, les travailleurs indiens avaient alors répondu par une première grève nationale, déjà « historique », en janvier.

Portes ouvertes à l'agro-business

L'arrivée de la Covid-19 et le confinement imposé dans tout le pays, en mars, n'ont pas arrangé pas les choses. Pendant que des millions de migrants internes se retrouvaient sans travail, donc sans ressources, avec pour seule option un retour désespéré au village, ce qui coûtera la vie à nombre d'entre eux, Narendra Modi et ses ministres en profitaient pour préparer une réforme agraire en trois lois, adoptées rapidement en septembre, censées permettre aux agriculteurs de vendre plus librement leurs productions, y compris en passant par Internet.

Une porte ouverte, en réalité, aux grands groupes de l'agro-business et à la spéculation sur les denrées que peuvent difficilement accepter des agriculteurs qui constituent encore près de 60 % de la population active indienne mais ne disposent le plus souvent que de quelques arpents de terre pour vivre.

« L'agriculture en Inde a toujours un poids économique important et les lois votées en septembre la dérégulent complètement. Cela a mis le feu aux poudres parce que, avec cette dérégulation, les gens vont encore plus “crever de faim” », assure Sylvain Goldstein. « Les agriculteurs ont commencé à se mobiliser en septembre et ils ont été ont rejoints par les dix principales organisations syndicales indiennes. » Et depuis deux semaines, ils marchent sur New Delhi, la capitale administrative, désormais en état de siège, cernée par plusieurs centaines de milliers de personnes.

« Modi a fait creuser des tranchées pour bloquer l'avancée des manifestants et les bloquer aux portes de New Delhi », décrit le conseiller syndical pour qui « la situation, loin de se calmer, s'envenime avec ce gouvernement plutôt fascisant qui mène une guerre contre les pauvres. » Le nouvel appel à la grève générale lancé pour le 8 décembre, encore très largement suivi à travers le pays, témoigne à l'évidence de la détermination des participants à faire annuler toutes ces lois « anti travailleurs ».