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Les travailleurs contre la politique du gouvernement de Narendra Modi

23 mars 2021 | Mise à jour le 23 mars 2021
Par | Photo(s) : Chitti Babu / AFP
Les travailleurs contre la politique du gouvernement de Narendra Modi

La privatisation des services publics orchestrée par le gouvernement, qui veut faire du pays une superpuissance mondiale et a besoin d'argent, a du mal à convaincre les Indiens. De plus en plus récalcitrants aux attaques antisociales dont ils sont les victimes. Les syndicats appellent à un blocage total du pays vendredi 26 mars.

« Il y a actuellement une attaque en règle contre les droits démocratiques en Inde. Contre tous ceux qui ne font pas partie de la classe dirigeante : les travailleurs, les femmes, les minorités religieuses ou les communautés historiquement opprimées et discriminées (1) », affirme Gautam Mody, secrétaire général de la Nouvelle initiative syndicale (NTUI), qui regroupe plusieurs centaines de syndicats des secteurs formel ou informel en Inde.

« Créer un État entrepreneurial autoritaire à majorité hindoue »

« L'objectif est de créer un État entrepreneurial autoritaire à majorité hindoue et cette idée est relayée par le Parlement, le pouvoir judiciaire ou les médias, dont une large majorité ressassent les positions du gouvernement ou du Parti indien du peuple (BJP) (2). »

Ces positions se traduisent concrètement par de sérieuses menaces sur la liberté d'association, le droit syndical, les négociations collectives, le salaire minimum ou les droits sociaux pour les salariés… Quand les agriculteurs voient leur existence même mise en jeu par des lois visant à nationaliser le secteur et désengager l'État de ses responsabilités, déclenchant ainsi l'ire des paysans indiens qui, depuis maintenant plusieurs mois, campent autour de Delhi pour faire abroger ces textes.

Faire de l'Inde une « superpuissance mondiale »

« Le Premier ministre Modi veut moderniser l'Inde et en faire une superpuissance mondiale », analyse Sylvain Goldstein, conseiller confédéral international en charge de l'Asie et du Pacifique. Mais, selon Modi, ajoute-t-il, « rien de mieux pour moderniser l'Inde et en faire une superpuissance que le secteur privé pour permettre de dégager de l'argent et de se concentrer sur les fonctions régaliennes comme l'armée. »

« Du vent », explique Gautam Mody. « Pour se prévaloir d'être une superpuissance, il y a à mes yeux deux critères à remplir : nourrir sa population, ce dont nous sommes loin et, de manière plus “machiste”, avoir une force militaire suffisante. Or, l'Inde est aujourd'hui le premier importateur d'armement au monde, ce qui veut dire que ce pays pense devenir une super puissance avec la technologie des autres. »

En attendant, le Premier ministre vend les bijoux de famille. Air India, la compagnie nationale aérienne, Bharat Petroleum Corporation, l'équivalent de notre Total toujours propriété de l'État indien, transports maritimes ou de conteneurs, banques ou assurances, voire ferroviaire tout le secteur public est promis à privatisation.

Résistances contre la politique antisociale

« Les travailleurs sont plus que déterminés à se battre et résister » , se félicite le responsable syndical indien qui remarque que les actes de résistance à cette machine de guerre antisociale mise en place par le gouvernement sont désormais réguliers et concernent tous les secteurs, tout le pays.

« Il y a eu une grève de deux jours dans le secteur bancaire et une autre d'une journée dans les assurances largement suivies la semaine dernière et les agriculteurs ont appelé a une “bandh”, la fermeture totale du pays, pour ce vendredi [26 mars, ndlr], à laquelle participeront l'ensemble des syndicats, y compris la NTUI. »

Et Gautam Modi, comme des millions d'Indiens désormais, ne compte pas en rester là. « Nous vivons dans une démocratie parlementaire. Si le gouvernement ne se décide pas à dialoguer avec les organisations représentatives, à continuer dans sa vision unilatérale, il est clair qu'il va perdre ce qu'il lui reste de légitimité. »

Propos d'autant plus à prendre au sérieux que, dans plusieurs États indiens, des élections locales se préparent. Et les militants, « s'ils se défendent de faire de la politique ont quand même un rôle à jouer. » Voilà Narendra Modi et son gouvernement prévenus.

(1) Malgré son abolition officielle, le système des castes, qui exclut une bonne partie de a population, reste très présent en Inde.

(2) Fondé en 1980, le Parti indien du peuple, dont se réclame le Premier ministre, prône une idéologie de droite nationaliste conservatrice et hindoue.

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