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SANTÉ

Appel du 10 juin : les psychologues mobilisés contre des mesures inquiétantes

11 juin 2021 | Mise à jour le 11 juin 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Appel du 10 juin : les psychologues mobilisés contre des mesures inquiétantes

Le 10 juin, les psychologues manifestaient en nombre partout en France à l'appel de plusieurs syndicats, dont l'Ufmict CGT, l'UNSA, la FSU, Sud Solidaires, FO, mais aussi des associations, organisations ou collectifs de psychologues (FPP, SNP, SIUEERPP et #manifestepsy) pour dénoncer plusieurs mesures qui les instrumentalisent et réduisent l'accès des patients aux soins.

« Psys, ni gratuits, ni soumis », « Patients dupés, psys muselés », « Psychologues contrôlés, démocratie en danger », « Les oubliés du Ségur », pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles de plusieurs centaines de psychologues venus manifester, le 10 juin, sous les fenêtres du ministère de la Santé, avenue Duquenne, au cœur de Paris, alors qu'une délégation était reçue.

Le mépris aux psys

« Je suis venue m'opposer à une atteinte très grave de notre profession et de notre statut, explique Elsa, 38 ans, psychologue en crèche dans le 94, son vélo à la main. Le gouvernement entend nous imposer une prescription médicale qui va nous subordonner aux médecins généralistes, nous imposer le carcan d'un ordre des psychologues, et d'autres mesures qui nous instrumentalisent … Le tout sans nous consulter et alors que la crise sanitaire a révélé l'ampleur de la souffrance psychologique dans notre pays. Il faut, au contraire, aller vers un service public de la psychologie et de la psychiatrie ! »

Les raisons de la colère

Dans une vingtaine de villes françaises, ces professionnels de santé étaient mobilisés à l'appel de plusieurs syndicats – Ufmict CGT, l'UNSA, la FSU, Sud Solidaires, FO – mais aussi des associations, organisations ou collectifs de psychologues (FPP, SNP, SIUEERPP et #manifestepsy…) pour dénoncer des mesures qui « ne leur permettent plus d’écouter, d’entendre comme il faut » et les pousse de plus en plus à un « travail à la chaîne ».

Concrètement, ils dénoncent : « un projet parlementaire de création d'un ordre des psychologues », « la consultation psy sous couvert d'une ordonnance de médecin », « des arrêtés imposant des techniques et méthodes exclusives, en particulier celui relatif aux enfants présentant des troubles neuro-développementaux », « la mise sous tutelle et la para-médicalisation de la profession, y compris dans l'Éducation nationale, avec le projet de création d'un service de santé scolaire dans lequel les PsyEN seraient placés sous l'autorité du médecin de l'EN », résume le communiqué du syndicat national des psychologues.

Un arrêté coercitif

« Nous dénonçons l'arrêté du 10 mars 2021 sur l'expertise psychologique qui ordonne aux psychologues de pratiquer une expertise selon des critères uniquement orientés vers une approche comportementaliste, ce qui ce qui revient à nous priver de la maitrise de nos outils techniques, explique Gilles Métais, responsable du collectif national des psychologues à l'Ufmict CGT. Cet arrêté confirme des choses qu'on sentait poindre. On nous ordonne de faire certaines choses au détriment d'autres. On passe à une psychologie d'Etat et non plus à une pratique qui fait confiance au professionnalisme des psychologues. »

Cet arrêté renvoie à un décret de 2018 qui a institué un diagnostic nouveau appelé « troubles neurodéveloppementaux » (TMD), une catégorisation créée contre l'avis des professionnels, qui fait basculer un certain nombre d'enfants du côté du handicap et prévoit leur orientation vers des plateformes où il leur sera proposé un accompagnement éducatif – « mais sans soins, souligne le psychologue-syndicaliste. Ce qui revient à faire de l'intégration sociale plutôt que d'investir dans le développement de la personnalité. »

Précédents alarmants

Sur ce registre, l'ARS de Nouvelle Aquitaine interdit depuis plus d'un an aux CMMP (centre médico-psycho-pédagogique) la pratique de soins psychologiques pour imposer un accompagnement exclusivement ré-éducatif en vue de l'inclusion en milieu scolaire ordinaire des enfants. Parallèlement, depuis 4 ans, des expérimentations sont menées dans 4 départements – Midi-Pyrénées, bouches du Rhône, Landes et Morbihan – où des psychologues du libéral reçoivent – rapidement et sur prescription médicale – des patients relevant de critères très précis (n'ayant jamais été suivi en psychiatrie, sans traitement de psychotropes, …) selon une tarification de 32 euros pour la première consultation et de 22 euros pour les suivantes dans la limite 10, renouvelable une fois.

« Critères discriminants, nombre de séances limitées, parcours administratifs complexe et décourageant, tarification aux ras des pâquerettes…, liste Gilles Métais. Cette expérimentation vise à réduire drastiquement les soins pratiqués en hôpital public pour les transférer vers l'activité libérale dans des conditions très restrictives et avec des financements indécents pour les psychologues. C'est un bilan est catastrophique pour les patients et les professionnels. »

On est loin des revendications de revalorisation des grilles indiciaires de rémunération, la création de postes supplémentaires pérennes dans les CMP et CMPP (centres médico-psychologiques ou médico-psycho-pédagogiques), et un plan de titularisation massif des psychologues de la fonction publique hospitalière. « L'État gagnerait pourtant à nous écouter, à nous entendre, conclut un étudiant en psychologie venu manifester. Car il vaut mieux prévenir que guérir. »

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