La quatrième contre-réforme de l’assurance-chômage depuis 2017
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« Cela prend des proportions qui ne sont plus gérables humainement pour les salariés. On n’en peut plus. On n’y arrive plus », s'alarme Selma Touati, membre du CSE de la Caisse d’allocations familiales (CAF) Essonne.
Une caisse d'allocations familiales devenue, depuis sa création au lendemain de la Seconde guerre, « un acteur central de la solidarité » en France. : allocations familiales, bien sûr, mais aussi versement du RSA, allocations aux personnes handicapées, en détresse sociale, financement de crèches…
En juin 2019, derniers chiffres disponibles, les quelque cent CAF réparties sur le territoire annonçaient ainsi « couvrir » près de 33 million de personnes, recensaient 13,5 millions d'allocataires. Une grosse machine, donc, portée à bout de bras par 36 000 agents, dont près de 3 000 CDD
Aussi, quand la réforme de l'Allocation logement est entrée en vigueur le 1er janvier dernier, en plein confinement, la coupe, déjà bien remplie par les réformes incessantes, les réorganisations à répétition ou la mutualisation des ressources humaines, a débordé.
« Cette réforme s'est appuyée sur des outils informatiques censés intégrer les nouvelles modalités de calcul mais cela ne fonctionne pas », constate Selma Touati. « Du coup, les gestionnaires conseils font face à une multitude de dossiers qui se retrouve soit rejetée soit bloquée. Le problème, c'est que certaines aides étant conditionnées les unes aux autres, cela fait domino. Le système s'emballe et il génère des indus, des trop-perçus. »
Et des dossiers, des fiches s'accumulent alors que chaque CAF possède déjà son « stock » de pièces en retard à traiter bien garni. En Essonne, fin mai, les agents en étaient ainsi à traiter des courriers remontant à début février. « Tout cela reste un facteur de stress supplémentaire pour les familles qui ne savent pas comment cela va se régler. »
Ni quand. Car à ces dysfonctionnements d'ordre technologique s'ajoutent les difficultés liées au manque de personnels de moins en moins nombreux. « L'État transfère de nouvelles charges aux CAF tout en exigeant des rendus de poste comme elle le fait pour ses propres administrations », dénonce la syndicaliste. « À chaque convention d'objectifs et de gestion [qui fixent les objectifs et moyens budgétaires des différentes caisses, Cnav, Cnam… pour 5 ans], on doit rendre des postes. Tout en continuant de récupérer de nouveaux dispositifs, des nouvelles prestations légales, des enveloppes supplémentaires à gérer. »
D'autant plus difficile à avaler que, dans le cas précis de l'Essonne, une bonne partie des communes, désormais intégrées dans le Grand Paris, voient leur population et, de manière tout à fait mécanique, le nombre d'allocataires augmenter. Tout comme les besoins en crèche, en structures sociales.
Quant à la révolution numérique des services, chère au président Macron, elle n'emballe guère les professionnels, comme l’explique Selma Touati. « Cette dynamique de transformation numérique est en train d'entamer sérieusement l'accès aux droits. Contrairement à tous ces discours sur son efficacité, son accessibilité, sa souplesse, sa réactivité, en fait, c'est de l'exclusion dans l'exclusion. On ne pense pas aux gens illettrés, il y en a encore, ceux qui n'ont pas de matériel et, pour finir, on supprime les permanenciers qui allaient dans les centres sociaux, accueillaient l'allocataire réglaient le problème. Ils sont en train de déconstruire le service public et la proximité n'existe plus. »
Un sort que refusent les personnels des CAF et de la CNAF, la caisse nationale. Beaucoup de CAF sont en grève tous les mardis de juin.
Le 29 juin, à l’appel de leurs fédérations CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et Sud, ils seront en grève et, au-delà des initiatives locales, se retrouveront aussi, à Paris, au ministère de la Santé et des solidarités, bien décidés à faire entendre leurs voix, et leurs revendications.
« L'arrêt des réformes qui dégradent les conditions de travail, un services informatique opérationnel, le remplacement des personnels et l'arrêt des postes rendus, des embauches en CDI et la titularisation de CDD, l'arrêt de la dégradation du service rendu aux partenaires et aux allocataires, l'arrêt de l'utilisation de l'action sociale comme variable d'ajustement, des mesures salariales immédiates pour tous les salariés », précise Selma Touati. Pour eux. Pour les usagers aussi.
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