Rentrée : fatigue et colère sourde chez les profs
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La question salariale est un sujet majeur de mécontentement pour l'ensemble des catégories. Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a maintes fois mis avant le montant de l'enveloppe de 700 millions d'euros pour la revalorisation des salaires des profs en 2022. « C'est en réalité une enveloppe de 500 millions d'euros pour un million de fonctionnaires en 2021, ce qui revient à environ 500 euros annuels par personne concernée et tout le monde ne l'est pas, attaque d'emblée Michael Marcilloux, cosecrétaire général du syndicat Éduc'action CGT. Ça a été une revalorisation conséquente pour les débuts de carrière des personnels enseignants, mais rien pour les administratifs, rien pour les assistants d'éducation, rien pour les ASH… Dans l'enveloppe de 700 millions d'euros de budget annonce pour 2022, 100 millions constituent le passage en année pleine des mesures de l'an dernier et 200 millions correspondent à des mesures concernant l'ensemble des fonctionnaires, soit la prise en charge de la première marche d'une partie des mutuelles – ce qui était le cas dans le privé, mais pas dans le public – ce qui n'est pas une mesure spécifique à l'éducation. »
« Ce sont en fait des carrières aplaties pour les personnels, souligne le syndicaliste. Ce fut une véritable hausse indemnitaire en début de carrière, mais très peu d'évolution ensuite, ce qui réduit l'attractivité du métier. Les enseignants sont déjà parmi les personnels de la fonction publique et des profs européens les moins bien payés, mais, c'est qu'en plus, les conditions de travail se dégradent. »
Et d'évoquer le nombre important d'élèves par classe, la faible réserve de titulaires remplaçants permettant de prendre la relève en cas d'absence… « Au lieu de les augmenter, le ministère travaillerait à une évolution des métiers en créant des hiérarchies intermédiaires, en rognant les libertés pédagogiques, en pilotant de plus en plus par l'évaluation des personnels et des établissements, donc, une dérive managériale qui va aggraver les conditions de travail et créer des tensions au sein des équipes. »
Quant aux créations de postes, ils seraient bien moins nombreux que ceux annoncés. « Blanquer a créé des postes dans le premier degré pour l'éducation prioritaire en réduisant le nombre d'élèves à 12 par classe de CP et de CE1, sauf qu'en même temps, il cassait le dispositif “plus de maîtres que de classes” en ZEP, où il y avait souvent deux enseignants par classe, relève le syndicaliste. Du coup, au final, ça revient au même, mais surtout, ça ne couvre pas l'augmentation d'élèves dans le primaire. Dans le second degré, on supprime des postes. La seule enveloppe allouée à cette rentrée scolaire en vue d'aider à la récupération des enseignements perdus et aux difficultés des élèves, c'est 15 000 équivalents temps plein. Mais ce sont des heures supplémentaires que nous ne pouvons plus absorber, car au bout d'un moment, c'est physiquement et pédagogiquement impossible ! »
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La CGT réclame un plan d'urgence dont la situation sanitaire a démontré – s'il le fallait – un sous-investissement chronique et massif de l'Éducation nationale depuis plusieurs années. Manques de médecine scolaire, manque d'infirmières scolaires, absence de médecine du travail pour les personnels, très peu de moyens de remplacement pour assurer les cours…
« Nous réclamons de palier à tous ces manques, de véritables augmentations de salaire, des créations de postes et un vrai travail sur le bâti scolaire même si ce sont les collectivités territoriales qui ont la main dessus, il faut des sanitaires corrects, des fenêtres en bon état de fonctionnement… Bref, il faut un vrai plan d'investissement écologique », résume le syndicaliste. Qui conclut : « c'est pourquoi, au-delà de la situation sanitaire, la CGT Éduc'action, avec l'intersyndicale FSU, Sud Éducation, FNEC FP-FO, appelle les personnels à se mobiliser dès la rentrée et à bâtir une grève massive, le 23 septembre, pour instaurer un véritable rapport de force qui passera une nouvelle étape lors de la mobilisation avec l'intersyndicale interprofessionnelle du 5 octobre. »
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