23 novembre 2021 | Mise à jour le 23 novembre 2021
Saarstahl menace de transférer 40% de la production de l'aciérie électrique Ascoval vers ses hauts- fourneaux à charbon en Allemagne. Une nouvelle épreuve pour les 270 salariés récemment repris.
Les 270 salariés d'Ascoval, une aciérie électrique située à Saint-Saulve dans le Nord viennent une nouvelle fois d'être traités comme des jouets par une multinationale avide et des politiques cyniques. Quatre mois seulement après le rachat de l'aciérie de Saint-Saulve et de l'usine de rails de Hayange (Moselle) par le groupe allemand Saarstahl, celui-ci annonçait la semaine dernière son intention de transférer 40% de la production vers ses sites en Allemagne, lesquels fonctionnent au charbon. Une décision provocatrice et écocide annoncée au lendemain de la COP 26, et qui serait cependant justifiée par l'augmentation du prix de l'électricité. Immédiatement, les salariés échaudés par des années de luttes et de promesses non-tenues par une succession de repreneurs défaillants ont indiqué qu'ils se mettraient en grève. L'affaire a pris rapidement une tournure politique avec l'interpellation d'Emmanuel Macron, en visite dans les Hauts-de-France par Xavier Bertrand, président de la Région, sur ce dossier. Chacun des deux présidentiables mesure l'extrême sensibilité de cette question industrielle avec ses potentiels effets en cascade sur l'emploi. Quant au groupe Saarstahl, il n'hésite pas à en jouer pour saigner l'État français à son profit.
Saarstahl et les politiques s'en sortent bien
Mis sous les feux des projecteurs présidentiels, on apprenait le vendredi 19 novembre 2021 qu'après des échanges avec les représentants du gouvernement, Saarstahl renonçait – du moins provisoirement – à son projet de transfert d'activité, lequel n'aurait pas manqué de générer du chômage partiel. Il faut croire que le chantage a bien fonctionné. Par la suite, Agnès Panier-Runacher, ministre déléguée à l'Industrie confirmait qu'un changement aura bien lieu dans le contrat liant Ascoval à EDF au 1er janvier 2022. En d'autres ternes, l'entreprise a obtenu une belle ristourne sur sa facture. Ainsi, en offrant comme à son habitude des cadeaux aux entreprises, le gouvernement apparaît-il dans son rôle de sauveur, de même que Xavier Bertrand, qui peut se targuer d'être intervenu pour obtenir des garanties sur la baisse de prix de l'électricité.
Les salariés veulent la stabilité
« Les salariés en ont ras le bol de ces rebondissements. Ils veulent de la stabilité et une vision sur le moyen/long terme » s'insurge la fédération CGT Métallurgie dans un communiqué. Et de rappeler au passage que c'est le ministre de l'Économie Emmanuel Macron, qui déjà en 2016 avait renfloué Vallourec (actionnaire d'Ascoval), « tandis que ce dernier fermait, « en même temps », des lignes de production en France et investissait en Chine ! ».
Pour la CGT-Métallurgie, il y a urgence à agir face aux politiques à courte vue et aux stratégies de délocalisation : « Les gros enjeux sont la relance de l'investissement, la réponse aux besoins dans l'industrie, le renforcement des compétences et des conditions sociales des salariés » indique la fédération. Alors qu'en France certaines usines ne peuvent plus produire faute de livraison de taules ou de composants, la FTM-CGT plaide pour la maîtrise publique d'une filière de l'acier dont l'intérêt est stratégique pour l'industrie.