La gemme, une idée neuve en Aquitaine
La CGT Aquitaine travaille depuis plusieurs années au maintien et au développement de l’emploi dans la filière bois. Une association composée de syndicalistes, de... Lire la suite
« La forêt nous protège. Protégeons-la… avec le service public de l'ONF. » C'est sous ce titre explicite que le tract de l'intersyndicale des personnels de l'Office national des forêts appelait à la grève et à la mobilisation le 25 novembre devant le siège du gardien des forêts, puis devant Bercy. La métaphore géographique est claire : départ de l'office qui fut le gardien public des forêts vers le ministère des cordons de la bourse.
Plusieurs centaines d'agents de l’ONF (public), d'ouvriers forestiers (privé) et de militants associatifs ont marché dans la capitale derrière une banderole de tête « Forêt pour tous ? », a constaté Clément Martin, reporter-photographe. Dans les rangs, d'autres banderoles et pancartes envoyaient des messages convergents : « Fnaf, salaires, emplois, retraites, des ouvriers forestiers de droit privé de l'ONF pour une forêt d'aujourd'hui et de demain » ; « Forestiers = espèce en voie de disparition » ; « ONF = organisme non financé ». Plusieurs pancartes d’associations de défense de l'environnement, comme Canopée et S.O.S forêt, fustigeaient l’inaction du gouvernement, « Loi climat : où est passé la forêt ? », et dénonçaient l'abandon des propositions de la convention citoyenne. Celle qui visait à « ne pas augmenter la récolte du bois » s'est « volatilisée ». Celle qui revendiquait de « renforcer les effectifs de l'ONF » a été « oubliée ». Enfin, la proposition qui prévoyait d'« interdire les coupes rases » a « disparu ».
L'intersyndicale – CGT, Solidaires, Unsa, CFE-CGC – s'insurgeait contre un contrat 2021-2025 entre l'ONF et l'État qui « supprime 500 nouveaux emplois. Après les 5 000 emplois déjà supprimés depuis vingt ans, ça suffit ! ». Alors que le changement climatique imposerait le renforcement des effectifs d'« un véritable service public forestier, l'ONF est au contraire en train d'être démantelé », lâche Gilles Quentin, membre de la commission exécutive de la CGT Forêt et ancien agent de l'ONF pendant quarante ans. La tendance n'est pas nouvelle, mais arrive à un stade où l'identité et l'efficacité de la structure interroge. « On était 17 000 agents quand je suis arrivé en 1975, aujourd'hui, les personnels ne sont plus que 8 000 sur toute la France, explique le syndicaliste. Et dans le même temps, toute une partie de nos activités – travaux, études, diagnostics arbres, etc. – va être placée dans une filiale avec des personnels de droit privé. » Et de conclure : « De toute façon, depuis 2017, il n'y a plus de concours d'entrée en tant que fonctionnaire, la fonction de police judiciaire, c'est terminé. »
Les ouvriers forestiers étaient également dans le cortège pour dire leur malaise et dénoncer la privatisation en cours. Or, les forêts représentent 30 % du territoire français et un tiers est composé de forêt publique (forêts domaniales et communales). « L'ONF était un exemple dans le monde, regrette Gilles Quentin. Aujourd'hui, on assiste à sa casse dans le cadre de la recherche des profits, alors que la forêt, ce n'est pas que du bois exploitable. » Et de rappeler que si la forêt est effectivement source de production de bois, elle a aussi d'autres missions comme l'accueil du public et la protection de la biodiversité. Son action sur l'assainissement de l'air que nous respirons, sur l'eau que nous buvons, sur les inondations dont elle nous protège… ne semble pas être une priorité. Bercy n'a même pas daigné recevoir une délégation de manifestants.