25 janvier 2022 | Mise à jour le 31 janvier 2022
A quelques encablures du Stade de France, plusieurs dizaines d'employés du bricolage, travaillant essentiellement chez Leroy Merlin et Castorama, se sont rassemblés mardi 25 janvier 2022 à l’appel de la CGT commerce devant un magasin Leroy Merlin à Saint-Denis (93). Ils exigent une revalorisation de leurs salaires et une redistribution plus équitable des richesses.
« Les enseignes de la branche bricolage, considérées comme essentielles pendant la pandémie, ont enregistré une progression du chiffre d’affaires de 30% en 2019 et de 13% en 2020. Les patrons ont engrangé 13 milliards de bénéfices tout en bénéficiant des largesses de l'État, à travers le chômage partiel notamment. En dépit des efforts fournis par les salariés qui au début de la crise sanitaire, ont travaillé sans protection, l’organisation patronale la fédération des magasins de bricolage (FMB), a consenti à augmenter le salaire minimum à 1605 euros brut, contre 1603 euros initialement », explique Stéphane Leroux, secrétaire fédéral CGT commerce. Dans la branche, les trois premiers échelons de la grille de salaires se retrouvent inférieurs au Smic depuis la revalorisation du salaire minimum.
Bénéfices records en pleine crise sanitaire
Le dirigeant syndical ajoute : « alors que le groupe Kingfisher (Castorama) affiche une progression de son chiffre d’affaires de 7,2% pour 2020-2021, la participation va être réduite de quasiment un tiers ». Christine est vendeuse chez Castorama, dans un magasin d’Ile-de-France. « Je gagne 1400 euros nets, au bout de 15 ans de travail. Je suis maman de deux garçons. Une fois payé le loyer de 800 euros, l’alimentation, il ne reste plus grand chose ». Même constat amer chez Gertrude, caissière chez Castorama. « Je travaille 28 heures par semaine, tous les dimanches. Je gagne 1380 euros. Heureusement qu’on est deux à travailler à la maison car une fois payées les charges, on n’a plus rien ».
La lutte paie chez Leroy Merlin
Au sein de la branche qui emploie 73 134 Salariés. Leroy Merlin se taille la part du lion. A elle seule, l’enseigne du groupe Mulliez a dégagé 9 milliards de bénéfices dans le monde. En novembre dernier, une grève inédite (sur l’ensemble de ses plateformes logistiques et dans 64 de ses magasins sur 140) a permis d’arracher une hausse des salaires de 4% pour les employés, soit une revalorisation de 65 euros au minimum. « Au départ, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), la direction proposait une augmentation de 2%, qui ne couvrait même pas l’inflation à 2,8%, soit une revalorisation de 40 euros, témoigne Julien Gourguechon, délégué syndical CGT Leroy Merlin à Amiens. Selon lui, ce qui a mis le feux aux poudres, c’est le partage indécent de la richesse dans le groupe. « 707 cadres ont touché 10,5 millions d’euros de revenus variables individuels, soit en moyenne 14 916 euros par bénéficiaire. En 2019, les stock-options reversées à 144 cadres dirigeants se sont élevées à 18 millions d'euros, sans compter la distribution d’actions gratuites pour les plus hauts gradés, égrène Julien Gourguechon. En bas de la pyramide, le salarié de base est à 1300 euros nets. Les salariés ont toujours été au front, aujourd’hui, ils sont redevenus les premiers de corvée. Mais ils exigent que leur travail soit reconnu, d’autant que les conditions de travail se sont dégradées. Les cadences sont devenues infernales du fait de l’accroissement de l’activité. Chez Leroy Merlin, les salariés n’avaient pas la culture de la grève. Ils ont appris que la lutte paie ».