Facade de la caisse primaire d'assurance maladie. © Stephane AUDRAS/REA
La situation tendue que le Havre connaît ces derniers jours n'est pas en voie d'amélioration. Au contexte de la mobilisation sur les retraites avec les fortes actions des dockers, aux réquisitions sous haute tension opérées dans les raffineries s'ajoute une nouvelle provocation antisyndicale : la tentative de licenciement de Frédérick Marie, le délégué CGT de la CPAM du Havre. Ce dernier est convoqué en conseil de discipline le 27 mars 2023 à 15h00 à la CARSAT de Rouen. L'intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC et Sud de la CPAM appelle à s'y rassembler dès 14h00. Le lendemain matin, bis repetita au moment du conseil d'administration. L'intersyndicale appelle à se mettre en grève dès 9h30 devant la CPAM du Havre.
Le 8 mars dernier, Frédérick Marie, informaticien depuis 26 ans à la CPAM du Havre et militant reconnu, était convoqué à un entretien préalable à sanction. La convocation lui avait été signifiée par un huissier, lequel avait exigé la restitution de ses outils de travail (trois ordinateurs). Face à la violence de ces méthodes managériales, l'ensemble des syndicats de la CPAM du Havre avait alors organisé un rassemblement de soutien devant la Caisse de Sécu. « Tous les syndicats présents à la CPAM du Havre CGT, CFDT, CFE-CGC et Sud Protection Sociale dénoncent unanimement cette procédure injustifiée qui fait suite à un incident informatique fortuit et rapidement résolu », selon un communiqué de l'intersyndicale. Et de demander à être reçue pour « pouvoir exposer l'ampleur des agissements de la Direction et de la situation de la CPAM du Havre ».
« La direction de la CPAM de Seine-Maritime a engagé un processus de fusion des CPAM de Rouen et du Havre. Or quand deux Caisses de plein exercice fusionnent, il y a un glissement de certaines tâches intéressantes de direction vers le siège, tandis que le site du Havre ne garderait que de la production avec des déqualifications de certains postes », explique Karim Bakhta, dirigeant de la fédération CGT des Organismes sociaux. « La CGT dérange beaucoup à la Sécu. Nous sommes des empêcheurs de tourner en rond et nous avons bloqué un projet de classifications. Nous avons de nombreux cas d'atteintes aux libertés syndicales ». Pour la CGT des organismes sociaux, il n'y a aucun doute : « le directeur a pris en grippe notre camarade, car c'est quelqu'un de très efficace pour dénoncer la situation de manière très factuelle ; perte de compétences, dégradation des conditions de travail. Il a porté certains sujets jusqu'au niveau de la Caisse nationale et cela n'a pas plu ».
Officiellement, il est reproché à Frédérick Marie d'avoir effectué une opération informatique le dimanche sans l'autorisation écrite de sa hiérarchie. Cette opération a entraîné un incident technique d'une heure et quart. Or, disxriminations et brimades ont été exercées à l’encontre du militant cégétiste. Entre autres, en septembre 2021, la direction lui interdit de participer au forum d'informaticiens auquel il participait depuis 22 ans. En novembre 2022, la direction le convoque à un entretien disciplinaire pour avoir créé un groupe « Veille et entraide informatique » au sein de la CPAM. En décembre 2022, les informaticiens du Havre sont sollicités pour participer à une vidéo, mais aucun n'était volontaire sauf Frédérick. La direction n'a pas validé sa participation. Petites ou grandes, les sournoiseries se succèdent jusqu'à ce lundi 27 février 2023, où Frédérick arrive à son horaire habituel, vers 8h40. Il apprend qu'il y a un problème réseau. En quelques minutes, il identifie et résout le problème, mais voilà que le prétexte est trouvé pour engager une procédure en vue du licenciement. « En fait, on atteint ici l'apothéose du harcèlement », estime Frédérick Marie. Fort heureusement, les personnels et l'ensemble des organisations syndicales de la CPAM ont compris ce qui se passait et lui ont apporté leur entier soutien. A la Fédération CGT des Organismes sociaux, on rappelle que récemment il y a eu une situation similaire à la direction de la CPAM de Corse du Sud. Le 21 octobre 2022, à la suite de grèves massives, les personnels ont notamment pu obtenir le départ de la directrice de la CPAM de Corse du Sud.
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