OSE-CGT, un syndicat au service des étudiants travailleurs
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On croise du beau linge au détour du 53e congrès de la CGT, où les militantes de la cellule de veille contre les violences sexistes et sexuelles tiennent un stand. Un an avant la déferlante #Me too déclenchée par l'affaire Weinstein, cette cellule est la première du genre à avoir été mise en place en 2016 au sein d'une organisation syndicale. « A l'époque, des camarades sollicitaient le collectif confédéral femmes-mixité à propos de comportements qui heurtaient les valeurs de la CGT, et dont elles étaient victime ou témoin. Or, si on veut vraiment être un syndicat de classe et de masse, chacun et chacune doit y trouver sa place», se souvient Maryse Thaëren-Chopin, l’une des chevilles ouvrières de la cellule.
Au fil des années, la cellule a conforté sa légitimité. Elle s'est formée à l'écoute des victimes, à la collecte des témoignages, aux mécanismes d'emprise, de sidération. « La priorité, c'est d'écouter la victime, de prendre sa parole au sérieux. On qualifie les faits, mais la question n'est pas de rendre justice », explique Gilbert Garrel, président de l'Institut d'Histoire Sociale (IHS), lui aussi membre de la cellule depuis le début. « Nous allons travailler à partir d'un processus admis par les tribunaux, qui est le faisceau d'indices », explique Maryse Thaëren-Chopin.
A charge ensuite aux organisations d'agir en conséquence. « Bon nombre de dirigeants se comportent en responsable et affrontent le sujet quand il se présente », observe Gilbert Garrel. Pour Maryse Thaëren-Chopin, « la majorité des organisations ne sont pas dans le déni, elles veulent agir sur ces questions. Encore faut-il leur permettre ».
Pour aider les organisations à appréhender un sujet sensible, la cellule de veille a élaboré, suivant sa feuille de route un « cadre commun d'action contre les violences sexistes et sexuelles dans la CGT », adopté par le CCN en août 2022. L'objet du texte est « d'offrir un cadre commun de réaction et d'intervention aux organisations, afin de parvenir ensemble à faire progresser des rapports militants fondés sur la confiance et le respect mutuel entre les femmes et les hommes qui composent l'organisation ». Pour ce faire, le cadre commun prévoit notamment d'« écouter la ou les victimes ou témoins avec empathie et sans jugement » ; de « mettre en protection la victime en suspendant les mandats des mis en cause » ; d' « entendre le ou les mis en cause » ; de « réunir le collectif de direction pour débattre des faits ». Six ans après sa création, la cellule a été saisie de 35 dossiers, notamment de la part des UD qui en reconnaissent l'utilité. D'après le bilan présenté au CCN en août 2022, deux suspensions de mandats ont eu lieu pour les signalés ; Quatre femmes ont été exclues, aucun agresseur n'a été radié. « Trop souvent encore, des femmes doivent démissionner de leur mandat, ou sont désyndiquées », regrette Maryse Thaëren-Chopin. A son actif, la cellule propose aux dirigeants de la CGT de se former. Le syndicat a aussi mis en place depuis juin 2021 un réseau avec une quinzaine de syndicats et de partis politiques.
Reste que si la parole s'est libérée, les femmes militantes ont scrupule à dénoncer les agissements d'un camarade, tiraillées à l'idée de nuire à l'organisation. « Ces violences provoquent les mêmes séismes que l'inceste dans une famille », compare Maryse Thaëren-Chopin. Si du chemin a été parcouru en six ans, les violences sexistes continuent de nuire à l'intégrité de militantes et d'entacher des organisations, comme en ont témoigné des congressistes. « Je travaille dans le spectacle vivant, mais c'est en arrivant à la CGT que j'ai eu à expérimenter les violences sexistes. Le militantisme est déjà violent en soi, ce n'est pas acceptable que des femmes subissent encore de tels agissements. Pourquoi ne pas exiger une exemplarité en la matière », interroge Claire Serre-Combe au 53e congrès. A la CGT comme ailleurs, les hommes mis en cause usent des mêmes stratégies pour disqualifier la parole des femmes.
« Ils portent plainte pour diffamation, se retranchent derrière la théorie du complot. On entend dire que les femmes peuvent mentir quand il y a des enjeux de pouvoir. Citez-moi une femme qui ait tiré profit du fait d'avoir parlé ?! Ce sont les hommes mis en cause qui ne supportent pas d'être dépossédés du pouvoir que confère un mandat syndical », dénonce Maryse Thaëren-Chopin. Autre argument communément avancé : la lutte contre les rapports de classe permettrait d'abolir toute autre forme de domination.
« La vague #Me too a provoqué une réaction incroyable, mais il n'y a pas de pente naturelle vers l'égalité entre homme et femme, y compris à la CGT. Il nous faut sans cesse rester en veille », conclut Maryse Thaëren-Chopin.
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