19 octobre 2023 | Mise à jour le 7 novembre 2023
Depuis lundi 16 octobre, près de 200 salariés du Centre Pompidou sont en grève, dans le cadre d’un mouvement social intersyndical (Unsa, CFDT, CGT, FO et Sud). Alors que le site doit fermer cinq ans pour travaux à partir de 2025, les employés réclament des garanties sur l'emploi, les salaires et les effectifs à la réouverture du site. Ce mercredi matin, à la quasi-unanimité, ils ont voté pour le prolongement du mouvement.
Ils sont conférenciers, agents d’accueil, agents de sécurité, régisseurs d’oeuvre. Ils travaillent au musée, à la librairie, au cinéma ou encore à la conservation. Réunis en assemblée générale ce jeudi 19 octobre, les salariés du Centre Georges-Pompidou, engagés dans un mouvement de grève reconductible pour un mois depuis ce lundi 16 octobre, ont tour à tour exprimés leurs craintes. Et elles sont nombreuses. Construit dans le courant des années 1970, l’iconique bâtiment principal, qui a accueilli plus de 3 millions de visiteurs en 2022, va fermer pour travaux durant cinq ans à partir de 2025, affectant ainsi près de 400 salariés. Durant cette période, environ 160 salariés (accueil, informations, surveillance, sûreté…) seront mis à disposition pour le compte du Grand Palais, qui doit réouvrir prochainement. Une autre partie des employés seront redirigés vers un site du centre national d’art et de culture Georges-Pompidou à Massy (91). Mais pour une quarantaine d’autres, notamment les restaurateurs d’oeuvres travaillant au sein des ateliers, aucune proposition n’a été faite par la direction.
Et pour la suite, le flou règne. Les salariés ont dans un premier temps rencontré leur direction pour qu’elles s’engagent sur différents points à l’issue des travaux : le maintien des rémunérations, des effectifs, le retour sur des postes équivalents, le renouvellement des CDD et l’absence d’externalisation des personnels. Les salariés craignent, à juste titre, qu’une partie d’entre eux soit externalisée à des entreprises de sous-traitance à la réouverture du site, comme cela a pu être observé dans d’autres musées. En première ligne, les agents de sécurité, déjà externalisés dans la plupart des établissements publics sous l’autorité du ministère de la Culture, mais pas seulement.
L’annonce, cet été, aux guides-conférenciers du Palais de la Porte Dorée qu’ils allaient désormais exercer leurs missions sous le statut d’auto-entrepreneur est dans toutes les têtes. Face à l’absence d’engagement écrit de la direction sur leur demandes, une première assemblée générale s’est tenue il y a trois semaines à l’initiative des salariés, où un préavis de grève reconductible a été décidé. Depuis lundi, la grève est reconduite chaque matin en assemblée générale.
Baisser les effectifs
« La mobilisation a permis la rédaction d’un projet de protocole de la part du ministère, explique Vincent Krier, secrétaire national de la CGT-Culture. Mais concernant le maintien des postes, des effectifs, des salaires et la garantie que les emplois ne seront pas externalisés, le ministère et la direction refusent de s’engager par écrit. C’est donc insuffisant. » « Le projet de protocole est beaucoup trop imprécis, renchérit Ollivier Melt, secrétaire de la section Unsa de Beaubourg. Il faut maintenir la pression. » « Nous, les conférenciers, craignons particulièrement cette externalisation, s’émeut une salariée. Dans la maison, on se transmet tous un savoir-faire, pour parvenir à être l’interface entre le public et l’oeuvre. Si les conférenciers sont externalisés, on perdrait totalement l’identité de Beaubourg. » « L’objectif du ministère, c’est de baisser les effectifs » analyse un agent d’accueil. Salariés et syndicats s’accordent sur le manque d’anticipation de leur direction et du ministère, alors que les travaux du site étaient connus de longue date.
Autre point d’achoppement : les salariés demandent à être accueillis dans un lieu unique le temps des travaux, afin que de ne pas briser un collectif auquel ils sont très attachés. « La question du lieu unique, c’est le trou noir des négociations » déplore un représentant syndical de la CFDT. À l’unanimité, les salariés ont voté ce jour que cette demande soit à l’ordre du jour des négociations qui continuent de se tenir avec la direction. Signe de la sensibilité du dossier, les représentants syndicaux ont été reçus ce mardi par le directeur de cabinet de la ministre de la Culture.