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LIBERTÉS SYNDICALES

Procès du soutien de l’UD CGT Nord à la Palestine : le tribunal délibère

29 mars 2024 | Mise à jour le 29 mars 2024
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Le secrétaire général de l'organisation, Jean-Paul Delescaut, comparaissait jeudi 28 mars devant le tribunal de Lille suite à la diffusion d'un tract intitulé « la fin de l'occupation est la condition de la paix ». Le verdict sera rendu le jeudi 18 avril. Rassemblés aux portes du tribunal, des centaines de militants étaient venus soutenir le syndicaliste.

 

Procès animé et aux accents très politiques que celui de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de l'UD CGT Nord. Accusé « d'apologie publique d'un acte terroriste » et de « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion », le responsable syndical avait été interpellé chez lui au petit matin du 20 octobre dernier, menotté et jeté en garde-à-vue. « Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre) elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées ». Cette phrase du tract est à la source de la plainte.

Tous des « Jean-Paul »

« Nous sommes tous des Jean-Paul ! » ont scandé des centaines de militants syndicaux et associatifs rassemblés aux portes du tribunal avant l'ouverture de l'audience, en présence de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, des trois députés LFI du Nord, de Jean-Luc Mélenchon et de Michèle Sibony de l'Union Juive française pour la paix. « C'est un procès politique scandaleux. Ce que disait ce tract tout simplement c'est que la violence entraine la violence. Il condamnait la violence et exprimait la solidarité de la CGT avec toutes les victimes civiles », a martelé Sophie Binet lors d'une prise de parole. Invité à s'exprimer en premier à la barre Jean-Paul Delescaut a opté pour une déclaration succincte sur le sens du tract et sur les conditions de son adoption par le collectif syndical.

 

La CGT a des valeurs d'humanité, elle se prononce contre les injustices et pour la solidarité entre les peuples

« On condamne les actes terroristes en général et bien entendu celui du 7 octobre. la violence appelle la violence, là est notre fil conducteur », a-t-il rappelé. « Nous avons dressé un constat de ce qui s'est produit. La CGT a des valeurs d'humanité, elle se prononce contre les injustices et pour la solidarité entre les peuples. Elle s'incline devant toutes les victimes, un mort c'est un mort ». Dans une vidéo de trois minutes autorisée durant l'audience par le tribunal malgré la ferme opposition des parties civiles, Sophie Binet a souligné que « ce n'est pas le peuple israélien qui est ciblé mais son gouvernement ». Non sans rappeler que « les arrestations des militants syndicaux s'inscrivent dans un climat très inquiétant de répression des libertés syndicales, avec plus de 1000 militants poursuivis au nom des actions menées collectivement par la CGT ».Moment fort du procès : l'intervention de l'historien Stéphane Sirot spécialiste des mouvements syndicaux et de la CGT en particulier, cité comme témoin. Il est revenu sur « les engagements et les positions clairs » du syndicat. Au fil d'un exposé magistral, il a démontré le caractère pour le moins incongru des accusations à l'encontre « d'une organisation pacifiste en lutte contre les discriminations, de toute sorte de racisme et de l'antisémitisme ». Visiblement fort agacé par ses propos, l'avocat de l'Organisation juive européenne, partie civile, Nicolas Benouaiche a lâché un reproche : « vous n'êtes pas neutre ».

Amalgames et raccourcis

Et d'enchaîner tour à tour avec ses confrères (avocats de l'Association Jeunesse France juive, et de l'Association communauté israélienne de Lille) une rafale de plaidoiries faisant feu de tout bois, amalgames, raccourcis et autres liens invraisemblables entre le tract de la CGT et la montée de l'antisémitisme. Un remake des propos tenus sur les plateaux de télé face aux soutiens de la cause palestinienne. Le texte serait à lui seul le catalyseur des actes commis « par certaines parties de la population » depuis le 7 octobre.La parole de la procureure est venue en renfort de ces affirmations. « Ce tract présente ces horreurs comme si elles avaient eu un caractère inévitable », a-t-elle asséné. A ses yeux, le délit « d'apologie du terrorisme » est donc « parfaitement caractérisé », mais pas l'appel à la haine, même de manière implicite, car il « ne vise pas un groupe déterminé, on parle de la politique d'Israël, d'un gouvernement ». Elle a tout de même requis 1 an d'emprisonnement avec sursis.

Les avocats de la défense, Arié Alimi et Ioannis Kappopoulos ont demandé la relaxe. Ils n'ont eu aucune difficulté à démonter point par point l'argumentaire des parties civiles. « A aucun moment ce tract n'évoque les modalités d'action du Hamas, ni ne les présente sur un jour favorable (… ) On n'a pas le droit de faire l'amalgame entre la communauté juive et l'État d'Israël », a plaidé Me Alimi. Et de s'adresser au tribunal : « est-ce que rappeler le droit international revient à faire l'apologie du terrorisme ? Votre décision est déterminante pour éviter l'atteinte à la liberté d'expression et au droit de soutenir une cause ». Maitre Kappopoulos est revenu, quant à lui, sur un dernier point: la personnalité de Jean-Paul Delescaut, le dévouement de l'aide-soignant dans sa vie familiale, professionnelle et syndicale… Le verdict sera rendu le jeudi 18 avril.