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Industrie automobile

Casse de l’emploi : une situation alarmante

18 octobre 2024 | Mise à jour le 18 octobre 2024
Par | Photo(s) : François Bourlier
Casse de l’emploi : une situation alarmante

Alors que le Salon mondial de l'automobile a ouvert ses portes lundi dernier au parc des exposition de la porte de Versailles, à Paris ; c'est plus de 500 personnes qui, à l'appel de la CGT se sont rassemblées jeudi 17 octobre, devant les portes du salon. Travailleuses et travailleurs de l'industrie automobile française dénoncent des fermetures sans précédent.

11h30, place de la porte de Versailles, estrade et écran géant sont déployés pour couvrir l'intégralité de la mobilisation des salariés de l'industrie automobile. Loin des paillettes et des jantes chromées, plus de 500 travailleuses et travailleurs se sont rassemblés devant le Salon mondial de l'automobile, le jour de son inauguration. Les quatre fédérations CGT des travailleurs de la métallurgie, de la chimie, des bureaux d'études et verre et céramique, organisatrices de l'action avec le soutien de la confédération, alertent sur les fermetures d'usines en cascade, les délocalisations à marche forcée, ainsi que les conditions de travail délétères qui frappent le secteur. « Non à la fermeture de l'usine, non à la mise aux chômages de 300 familles » scandent les salariés de MA France qui sont les premiers à monter sur l'estrade.  En grève depuis le 16 avril (https://nvo.fr/m-a-france-ministres-et-donneur-dordre-rappeles-a-leurs-responsabilites/), le placement en liquidation judiciaire de l'équipementier automobile, décidé le 13 mai 2024, a mis les 280 salariés au chômage. MA France, entreprise du groupe italien CLN, sous-traitant pour Stellantis, produit 80 % de ses pièces pour ce dernier. Mais le géant mondial en construction automobile souhaite délocaliser sa production en Turquie d'ici 2025. Alors, pour sauver leurs emplois, les salariés de MA France se sont mis en grève.

114 000 emplois supprimés en 15 ans

Les salariés de MA France ne sont pas les seuls dans cette situation. Se succédant sur l'estrade, les salariés et représentants syndicaux de Bosch, Valeo, Impérial Wells annoncent à leur tour être victimes de « plans de sauvegarde de l'emploi » et de fermetures de sites. « Les grands groupes automobiles comme Stellantis ou même Renault provoquent une casse de l'emploi sans vergogne. C'est plus de 114 000 suppressions de poste sur la période 2006-2021 dans l'Hexagone, soit 40 % des emplois. Les donneurs d'ordres, soutenus par les différents gouvernements, saccagent notre filière. De 2020 à 2022, ce sont 5,8 milliards d'euros qui ont été injectés par les pouvoirs publics pour soutenir la filière automobile », dénonce Frédéric Sanchez, secrétaire général de la fédération CGT des travailleurs de la métallurgie. L'ONG Greenpeace, également présente sur les lieux, alerte à l'instar de la CGT, que les délocalisations et les choix d'affectation de production contribuent principalement à ces pertes d'emplois et à la dégradation de la filière automobile. Tout en soulignant que e n'est pas la transition vers l'électrique qui est responsable de cette casse sociale depuis des décennies, mais bien la course au profit, également responsable de la crise climatique.

Le projet de loi GM&S

Les salariés de l'usine GM&S, fabricant de pièces automobiles, avaient en 2017 vu 157 de leurs collègues se faire licencier suite au rachat par le groupe GMD, groupe français de sous-traitance automobile. Face à cela, les syndiqués CGT avaient proposé une nouvelle réglementation destinée à responsabiliser les donneurs d'ordres.  Avec, entre autres, la révision de la loi de 1975 sur la sous-traitance industrielle qui, bien que pionnière, ne protège plus suffisamment les sous-traitants. L'article 2 de leur proposition de loi vise ainsi à une « participation des sous-traitants aux décisions stratégiques des donneurs d'ordres, garantissant un meilleur accès à l'information et une voix consultative lors des comités de groupe » et l'article 5 à des « négociations obligatoires avec les sous-traitants en cas de restructuration ou de réduction d'effectifs, et contribution des donneurs d'ordres au plan de reclassement en l'absence d'accord. ». Présente sur les lieux, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a interpellé les représentants politiques sur place : « La proposition de loi des salariés de GM&S peut être la porte de sortie à la situation alarmante de l'industrie automobile. En tant qu'élu.es politiques, vous devez, vous aussi, vous saisir de la question ».