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ÉLECTIONS TPE

Un scrutin essentiel pour les droits des salariés

8 novembre 2024 | Mise à jour le 8 novembre 2024
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Un scrutin essentiel pour les droits des salariés

Cinq millions de salariés de très petites entreprises (TPE) sont appelés à élire leurs représentants lors des élections professionnelles qui se tiendront du 25 novembre au 9 décembre. Pour la CGT, qui bat campagne depuis plusieurs mois, l'objectif est de conforter sa première place et de faire progresser le taux de participation, extrêmement faible (5%) lors des précédentes élections en 2021.

Lors d'une conférence de presse jeudi 7 novembre, la CGT a rappelé les trois principaux enjeux de ce scrutin : déterminer la représentativité des syndicats et leur capacité à négocier au niveau des branches ; élire les représentants des salariés dans les commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), chargées notamment de statuer sur des questions liées à l'emploi, la formation, la santé au travail, les activités sociales et culturelles… ; déterminer la désignation des conseillers prudhommaux.

Renforcer les négociations de branche

« Pour les salariés des TPE qui ne peuvent s'appuyer le plus souvent que sur leur convention collective, la négociation de branches est centrale. C'est à cette échelle que nous pouvons discuter de la redistribution de la valeur des grands groupes vers les petites entreprises à travers des dispositifs mutualisés en matière de formation, d'activités culturelles et sociales, explique Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui milite pour une augmentation des salaires dans les TPE, via l'obtention d'un 13e mois et une majoration des heures supplémentaires dans toutes les branches. Le second enjeu, c'est de revoir les prérogatives des CPRI, de manière à les rapprocher de celles des CSE (comités sociaux et économiques, ndlr). Enfin, la désignation des conseillers prudhommaux est importante pour ces salariés qui ont le plus grand mal à faire respecter leurs droits. »

Rompre l'isolement

A ses côtés, des candidats et candidates aux élections ont témoigné de la nécessité de s'organiser dans ces déserts syndicaux que constituent les TPE. Parmi eux, Rachel Ruhland, secrétaire générale du syndicat CGT assistantes maternelles de Meurthe-et-Moselle. « Nous avons renégocié la convention collective en 2022 et gagné de nouveaux droits en matière d'activités sociales et culturelles, d'indemnité volontaire de départ à la retraite, de majoration des heures supplémentaires. La création de syndicats dans plusieurs départements a permis de rompre l'isolement ». C'est aussi pour briser cet isolement que Giorgio Fernandez a voulu créer un tout jeune syndicat de la restauration à Nantes, baptisé « le front uni de la restauration (Fur 44). « Nous travaillons dans un secteur où parler de son droit du travail est quasiment impossible. Les travailleurs n'ont pas la culture de la défense de leur droit. Nous sommes confrontés à des cadences épuisantes, avec des coupures, des heures supplémentaires non payées, des journées de onze, douze, treize heures, des violences sexistes et racistes, des patrons qui font tout pour ne pas dépasser les seuils afin d'éviter de se doter de CSE. De la nécessité de s'organiser entre travailleurs pour briser l'isolement ».  « Les salariés des TPE sont absents des radars alors que, par leur travail, ils et elles constituent le ciment de notre société », estime Sophie Binet. Ce scrutin est l'occasion de faire entendre leur voix.

 

Des salariés heureux, mais insuffisamment rémunérés
Les salariés sont globalement satisfaits de leur travail, mais s'estiment insuffisamment payés. Tels sont, en gros, les enseignements du sondage Viavoice réalisé en octobre 2024 auprès de 1 000 salariés de TPE. Ainsi, 81% d'entre eux se déclarent satisfaits de leur travail. « Ce qui s'explique par la proximité directe avec l'employeur. En outre, ces entreprises sont peu délocalisables et non financiarisées, ce qui contribue à un sentiment de sécurité », commente Catherine Giraud, dirigeante de la CGT en charge de la campagne sur les élections TPE. Côté positif encore, 82% des répondants considèrent disposer d'une liberté d'action, 80%  bénéficient de conditions de travail adaptées à leurs missions, et 93% des salariés trouvent du sens à leur travail. En revanche, le constat est plus mitigé côté salaires, temps de travail et perspectives de carrière. Ainsi, 77% des salariés travaillent plus de 35 heures en moyenne par semaine, notamment dans les secteurs du commerce, des transports, de la restauration. « On a aussi un salariat qui travaille plus souvent les week-end, les jours fériés », ajoute Catherine Giraud. Or, seulement 44% des heures supplémentaires sont rémunérées. La moitié des répondants s'estiment insuffisamment payés et 57% considèrent qu'ils n'ont pas de réelles opportunités de carrière du fait de la structure de l'entreprise. Enfin, dans ces déserts syndicaux que constituent les TPE, près de la moitié des salariés s'estiment mal informés sur leurs droits et 93% déclarent ne jamais avoir sollicité un syndicat. « Malgré tout, un salarié sur deux fait confiance aux syndicats pour les défendre, donc il y a moyen de s'organiser », positive Catherine Giraud.