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SNCF

Défendre l'avenir du fret : pourquoi les syndicats de cheminots poursuivront la grève le 11 décembre

4 décembre 2024 | Mise à jour le 4 décembre 2024
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Défendre l'avenir du fret : pourquoi les syndicats de cheminots poursuivront la grève le 11 décembre

Paris, le 21 novembre 2024 : Assemblée générale des grévistes des syndicats SUD Rail et CGT de la SNCF Paris Sud Est près de la Gare de Lyon pour organiser une grève renouvelable à partir du 12 décembre. Ils protestent contre le démantèlement du Fret et sa privatisation.

Après avoir rencontré la direction de la SNCF mardi, les syndicats représentatifs de cheminots étaient reçus par le ministre des Transports ce matin. Leur demande de moratoire sur le démantèlement du fret, prévu au 1er janvier ayant essuyé une fin de non-recevoir, ils maintiennent la pression et appellent à la grève reconductible le 11 décembre.

C'était l'occasion pour l'actuel ministre des Transports, Thomas Durovray « de sortir par le haut », dixit Thierry Nier, secrétaire des cheminots CGT. Après un rendez-vous mardi avec le directeur de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, qui bien que constructif n'a pas répondu « au niveau des exigences portées », les organisations cheminotes mobilisées depuis des mois pour la défense du fret public étaient reçues ce matin par leur ministère. Las, les syndicats qui s'opposent au démantèlement programmé au 1er janvier de l'outil public de transport de marchandises ont vu leurs revendications, à nouveau, ignorées.

L’urgence d’un moratoire

Réunies pour une conférence de presse commune hier à Paris, elles espéraient que le gouvernement se saisisse de cette main tendue et accède à leur demande de moratoire, prévenant qu'elles maintiendraient dans le cas contraire le mot d'ordre de poursuite de la grève le 11 décembre au nom « de l'intérêt général ». « Cette demande est équilibrée et elle est juste, affirmait hier au point presse Thierry Nier. Il y a un intérêt fondamental à accéder à cette exigence », le syndicaliste rappelant que le train public de marchandises, menacé de liquidation, est 14 fois moins émetteur de CO2 que le camion, et répond donc « aux enjeux de décarbonation ».

Les organisations, mobilisées tous azimuts, ont écrit par ailleurs en début de semaine à la toute nouvelle Commissaire européenne à la concurrence, Teresa Ribera. Elles contestent en effet le maintien du plan de discontinuité (lire notre article sur le sujet) concocté par la France pour satisfaire la Commission européenne. Celui-ci prévoit, au prétexte que l'État aurait versé des aides indues à l'entreprise publique, de séparer Fret SNCF en deux filiales de droit privé et d’ainsi accélérer l'ouverture du marché à la concurrence. Les syndicats, vent debout contre cette privatisation, s'appuient sur l'exemple allemand récent pour obtenir gain de cause, la Commission européenne ayant validé le 29 novembre le versement d'une aide d'État de 1,9 milliard à DB Cargo – l'équivalent de Fret SNCF en Allemagne – pour éponger sa dette.

« Le fret, c'est un bien commun. On peut nous caricaturer et nous traiter de preneurs d'otages, mais il est hors de question que la découpe et la privatisation de la SNCF se fassent en catimini. » Julien Troccaz, de Sud Rail

L'enjeu pour les syndicats du maintien et du développement du fret public est à la fois social – 500 emplois doivent être supprimés -, mais aussi écologique. « La ligne rouge du report modal inversé a été franchi, avec plus de camions sur les routes en 2023. Comment peut-on supprimer des emplois dans le fret en pleine crise écologique ? », s'est indigné Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud-Rail. Le syndicaliste a par ailleurs pointé un risque : celui de lancer des filiales de droit privé alors que les budgets d'aide votés lors du projet de loi de finance, qui devaient assurer leur viabilité, sont « remis en question à l'Assemblée nationale », du fait de l'instabilité gouvernementale.

Stop au cheminot bashing

Pour les syndicats, un moratoire, que préconisait aussi la commission d’enquête parlementaire sur la libéralisation du fret ferroviaire, s’impose afin de stopper un processus de filialisation au 1erjanvier qui signerait la mort de Fret SNCF. Ils réclament aussi d'être entendus sur un autre point majeur pour l'avenir de l'entreprise publique, celui des financements de l'entretien et du développement du réseau ferré. Sur cet aspect, Fabrice Charrière, secrétaire général de l'Unsa Ferroviaire, a rappelé que « la France était dernière de la classe », avec « 51 d'euros d'investissements par an et par habitant », contre « 477 euros aux Pays-Bas et 215 euros au Royaume-Uni ».

Décidés à défendre coûte que coûte l'avenir du fret, les syndicats continuent d'afficher un front uni. Ils réclament l'ouverture « d'un débat public » et veulent convaincre du bien-fondé de leur mouvement social. De nombreuses opérations de tractage étaient en ce sens organisées aujourd'hui dans les gares afin d'informer les usagers sur les motifs qui poussent les cheminots à se remettre en grève le 11 décembre et mettre fin au « cheminot bashing ».