5 décembre 2024 | Mise à jour le 5 décembre 2024
Plus de 200 000 manifestants se sont mobilisés ce jeudi 5 décembre dans plus de 60 villes contre l’austérité budgétaire. La ville de Rennes a répondu présente à l’appel à mobilisation de l’intersyndicale de la fonction publique CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP. Plusieurs milliers de personnes (5000 selon les syndicats, 3000 selon la police) ont marché contre la casse des services publics portée par le dernier ministre de la Fonction publique en fonction, Guillaume Kasbarian. Reportage.
« Même si le gouvernement vient d’éclater, les propositions du gouvernement peuvent toujours être remises sur la table » s’inquiète Devrig Guiho, secrétaire général de l’union locale de la CGT de Rennes et sapeur-pompier professionnel. Pour lui la motion de censure contre le dernier Premier ministre, Michel Barnier, actée la veille au soir, ne change rien aux revendications en cours. « Les gens étaient déjà prêts à venir. Depuis plusieurs années la fonction publique est mise de côté, que ce soit pour les budgets ou la considération. Il n’y a que le profit qui intéresse le gouvernement, et la feuille de route ne changera pas tant qu’Emmanuel Macron sera Président. »
L’état dramatique des universités françaises
Le dernier ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avait dans son viseur depuis octobre « l’absentéisme des fonctionnaires ». Il comptait imposer trois jours de carence en cas d’arrêt, diminuer l’indemnisation des jours d’arrêt maladie et la fin du versement de la prime GIPA (Garantie individuelle du pouvoir d’achat). Autant de raisons qui poussent 3000 à 5000 personnes à battre le pavé rennais sous un ciel gris et humide de saison. « En faisant du mal au service public on sait qu’on empêche certaines personnes d’accéder à des services comme la santé ou l’éducation » poursuit Devrig Guiho. « Les effectifs de pompiers baissent, sont externalisés ou privatisés. Il y a davantage de contrats en CDD, de pompiers volontaires et d’heures supplémentaires non récupérées. »
Benjamin, bibliothécaire contractuel à l’Université Rennes 1, est venu sur sa pause déjeuner avec deux collègues. « Je ne suis pas syndiqué mais j’y pense de plus en plus. » Il confie ses craintes pour son poste précaire face aux menaces de coupes de budget, et rappelle l’état « dramatique » des universités françaises. Valeria Pansini, maîtresse de conférences à l’Université Rennes 2, présente avec la CGT, abonde : « Les universités sont désormais autonomes et doivent donc assumer leurs dépenses sans bénéficier du budget public nécessaire. Elles sont vues uniquement comme une charge, pas comme un investissement utile. » Le personnel de l’Université Rennes 2, une des moins dotées par l’État, s’était déjà rassemblé le mardi 3 décembre pour alerter sur leur situation.
Ne plus avoir de gouvernement va créer plus d’attentes, plein de choses ne vont pas
« Les gens manifestent de moins en moins car ils n’ont plus les moyens de se déclarer grévistes » déplorent Daphné et Émilie, militantes à la CGT INSEE. Elles ont tout de même fait le choix de perdre une journée de salaire car « on ne touche pas aux services publics ». « Ne plus avoir de gouvernement va créer plus d’attentes, plein de choses ne vont pas. » Même constat pour Christian Debroize, actif dans le comité CGT des travailleurs privés d'emploi et précaires : « Ce n’est pas un jour de grosse mobilisation. Il faudrait lancer un mouvement de grève reconductible comme le font les cheminots. On en a marre des grèves perlées, on veut un vrai rapport de force. » Rendez-vous est pris. Dans un communiqué, la CGT a annoncé participer au soir du 5 décembre à la réunion de l'intersyndicale Fonction publique et « portera le mandat de construire, avec les personnels et dans l'unité la plus large, une nouvelle journée de grève et de manifestations le 12 décembre prochain.»