
Ce que cache l’appel de Bardella aux femmes de France
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Ce samedi après-midi, sous un soleil printanier, une marée de manifestants et de manifestantes aux tonalités violettes a envahi la place de la République. Le cortège parisien qui s'est ébranlé en direction de la place de la Nation était l'un des 150 rassemblements prévus dans toute la France à l’appel d’une cinquantaine d’organisations – dont des associations et des syndicats – pour célébrer la journée internationale pour les droits des femmes et des minorités de genre, ce 8 mars.
« C'est une édition particulière car la question de l'égalité salariale professionnelle et domestique est centrale dans la bataille que mène la CGT pour l'abrogation de la réforme des retraites, explique Myriam Lebkiri, secrétaire confédérale CGT en charge de l'activité femme-mixité. Toutes les inégalités se cumulent à l'heure de la retraite : les pensions des femmes sont inférieures de 38% par rapport à celles des hommes et chaque réforme mise en place par les gouvernements successifs pénalise en premier lieu les femmes. Résultat, le nombre des femmes partant à la retraite avec une décote a doublé en dix ans, passant de 6 à 14%. L'égalité salariale est en outre centrale dans le financement de notre système : si elle était atteinte, elle serait une manne de financements qui rapporterait 6 milliards d'euros dans les caisses de retraite chaque année. » À l'évocation du discours mobilisateur du chef de l'État annonciateur de nouveaux efforts à faire contre la menace russe, c'est la colère qui domine. « Macron veut faire les poches des salariés alors que les profits n'ont jamais été aussi élevés. En 2024, les entreprises du CAC 40 ont versé 100 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires. En revanche, presque rien pour les salariés, l'égalité salariale ou les retraites. Tout est gagnable ! »
L'autre caractéristique de ce 8 mars est la lutte contre l'expansion des idées d'extrême-droite dans laquelle la CGT est investie depuis des années et plus récemment lors des élections législatives de 2024. « Mais l'actuelle trumpisation du monde nous inquiète d'autant plus, reprend la syndicaliste, car on sait bien que les droits des femmes sont les premiers remis en causes, d'où la tonalité internationaliste de ce 8 mars. » Face à l'annonce de la venue de Nemesis, collectif proche de l’extrême droite habitué des actions coup de poing, les associations et collectifs féministes, les organisations syndicales et politiques initiatrices de la marche « Grève Féministe à Paris » ont réagi : « nous refusons que les luttes féministes soient les objets d'affrontements identitaires et que nos rendez-vous de manifestations soient régulièrement utilisés pour faire des apparitions médiatiques en prenant à partie des manifestantes et en ignorant nos revendications », ont-elles fait savoir dans un communiqué. « Il faut répondre par la mobilisation encore une fois, martèle la syndicaliste. Hors de question de laisser entrer dans nos rangs un collectif d'extrême-droite, identitaire, raciste, xénophobe, antisémite, qui s'estime légitime ici aujourd'hui grâce à la normalisation des idées d'extrême-droite rampante. » Et, au contraire, de se réjouir, cette année, d'un « périmètre particulièrement large d'unité syndicale avec un appel à la mobilisation mais aussi à la grève puisque la majorité des salariés qui travaillent le samedi, dans la santé, le commerce ou le nettoyage par exemple, sont des femmes. »
Dans le cortège CGT, on croise Kande Tounkara, femme de chambre à l'hôtel Première classe Campanile à Suresnes, où Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, s'est rendue le matin même. « On est 12 femmes et 4 hommes à être en grève depuis le 19 août 2024 pour réclamer des augmentations de salaires, la prime liée à l'inflation, l'arrêt des intimidations, la réintégration de notre camarade Magassa, licenciée injustement, explique la jeune femme, sa caisse de grève sous le bras. La direction ne nous propose que des miettes ! On est venues à cette manifestation pour faire connaître notre lutte parce que c'est un combat de femmes. C'est parce qu'on a une femme à la tête du mouvement que cette grève dure aussi longtemps, la direction se dit qu'on va lâcher, qu'on ne tiendra pas, mais on ne lâchera pas. » Voulant opportunément rendre visibles des luttes de femmes, en ce 8 mars, Sophie Binet s'est également rendue à l'Ehpad de La Chenaye où une quarantaine de grévistes, en lutte depuis le 1er octobre, réclament la fin d'un management toxique, l'amélioration des conditions de travail et l'arrêt immédiat des inégalités de salaires malgré les pressions de la direction. « C'était important de mettre un coup de projecteur sur ces salariées déconsidérées, sous-payées et au final maltraitées par la logique globale de casse du service public, ça les a remobilisées », analyse Malika Belarbi, aide-soignante en Ehpad et responsable du collectif national CGT Santé.
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