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ANTIRACISME

L'intersyndicale fait cause commune contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie au travail

24 mars 2025 | Mise à jour le 24 mars 2025
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L'intersyndicale fait cause commune contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie au travail

Manifestation à Paris le 22 mars 2025 contre le racisme à l'occasion de la journée mondiale pour l'élimination de la discrimination raciale.

Huit organisations syndicales lancent une campagne commune de sensibilisation à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail. L’initiative, dans la continuité du barrage contre l’extrême-droite lors des élections législatives de juin 2024, est de salubrité publique tant la parole haineuse s’est libérée.

Un sujet, et pas des moindres, fait consensus parmi les syndicats, c'est la lutte contre le racisme. A l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale le 21 mars, et à la veille d'une mobilisation nationale qui a rassemblé 90 000 personnes selon le ministère de l'intérieur,  huit organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU) ont présenté une campagne commune de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie au travail. L'objectif étant de faire front ensemble, de prendre sa part de responsabilités, de marteler que le syndicalisme est incompatible avec le rejet de l'autre.  “Le racisme, l'antisémitisme ou la xénophobie, ce n'est ni une opinion, ni de l'humour. On n'a pas le droit de dire n'importe quoi sous couvert de liberté d'expression. Nos organisations entendent prendre leurs responsabilités et montrer que le syndicalisme est un levier d'action contre le racisme. Mais nous ne pouvons pas être les seuls à agir. Nous entendons aussi interpeler les employeurs et le gouvernement sur leurs propres responsabilités, parce que cette parole décomplexée ne vient pas de nulle part”, explique Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Alignés en rang d'oignon à la tribune de la salle Henaff de la bourse du travail de Paris, les dirigeants syndicaux se passent le micro.

Mesure de salubrité publique

“Cette campagne de sensibilisation vise à provoquer des échanges sur les lieux de travail et à faire sortir les victimes du silence”, pour Marylise Leon, secrétaire générale de la CFDT. “Le faire en commun, c'est aussi faire entrer cette campagne dans un maximum d'entreprises”, enchaîne Cyril Chabanier, président de la CFTC. “Ce qui est important, c'est de le faire ensemble. Cela nous protège et ça nous facilite le travail. Le message à porter est que si vous avez un problème avec les personnes en raison de leur couleur de peau, de leur origine ou de leur religion réelle ou supposée, et bien vous aurez un problème avec le syndicalisme”, poursuit Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa. Cette initiative, qui doit progressivement se déployer en entreprises, s'avère de salubrité publique tant la parole, les comportements racistes se multiplient en toute impunité en même temps que la percée des idées d'extrême droite. Avec au plus haut sommet de l'Etat, une multiplication des lois régressives sur les droits des étrangers, un Premier ministre qui fantasme une submersion migratoire, un président de la République qui évoque des urgences hospitalières remplies de « Mamadou »… En 2024, le ministère de l'intérieur a enregistré plus de 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe, ou anti religieux, les crimes et délits ont augmenté de 11% entre 2023 et 2024. Invitée à prendre la parole, la défenseure des droits Claire Hédon dresse un constat alarmant, avec dans l'entre-deux-tours des élections legislatives de 2024, une hausse des appels de 53% témoignant de propos raciste, antisémite et anti-musulman.

Le racisme tue

“Les discriminations se déploient dans toutes les sphères de la vie sociale, que ce soit dans l'emploi ou dans l'accès aux biens et services. Elles engendrent non seulement des effets délétères sur les victimes, mais aussi un effet négatif sur la cohésion sociale. Et pourtant, les saisines pour discrimination sont en baisse en 2024, les victimes n'osent pas nous interpeler par peur des représailles. Les politiques menées depuis environ vingt ans s'essoufflent, ce qui témoigne d'une normalisation inquiétante de la rupture d'égalité”. Les dirigeants syndicaux observent cette banalisation du mal au sein du monde du travail. “ Des gens meurent du racisme, de l'antisémitisme. Des enfants pleurent de voir leur père ou leur mère stigmatisés. Le principe de base, quand on est camarades, sœurs ou frères en humanité, ce n'est pas de lyncher, c'est de défendre. Le syndicalisme primaire, c'est de fabriquer de l'entraide mutuelle qui pourra recréer du lien”, plaide Laurent Escure. Le service public n'est pas épargné. “Les fonctionnaires subissent aussi très fortement les effets du racisme. Par exemple, nombre d'enseignants sont livrés à la vindicte sur les réseaux sociaux parce qu'ils mettent en œuvre des projets pédagogiques avec des associations d'aide aux migrants”, constate Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU. Face à la progression des idées d'extrême droite et des discriminations, les syndicats, qui constituent selon l'expression de Cyril Chabanier, “un pare-feu”, demeurent vigilants. Outre cette campagne de mobilisation, ils ont renforcé leur formation et agissent déjà aux côtés des travailleurs pour prévenir et combattre les situations de discrimination au travail.

Tolérance zéro

«  Il faut une tolérance zéro face à des propos, des actes racistes ou antisémites », assume Sophie Binet. La secrétaire de la CGT rappelle par ailleurs l’implication de son syndicat aux côtés des travailleurs sans-papiers depuis 2007.  » La force du syndicalisme est deux rassembler les salariés autour de leur travail. On en a rien à faire de l'origine, de la couleur de peau, de la religion ». Pour que les droits progressent, Sophie Binet milite notamment pour que la  discrimination à l'embauche, actuellement en dehors des radars syndicaux, soit mieux appréhendée, à travers par exemple la mise en place d’un registre des candidatures reçues et des recrutements effectués. Elle appelle aussi de ses voeux des procédures de testing généralisées et des moyens renforcés pour les représentants du personnel et l’inspection du travail.