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Économie

Idée recue sur le budget : l’endettement public est catastrophique

18 août 2025 | Mise à jour le 19 août 2025
Par | Photo(s) : AFP / THOMAS SAMSON
Idée recue sur le budget : l’endettement public est catastrophique

 

Suppression de deux jours fériés, remise en cause de la cinquième semaine de congés payés, massacre à la tronçonneuse dans la fonction publique, gel des prestations sociales, des milliards d'économies réalisés sur le dos des malades, des chômeurs et des retraités… Le projet de budget 2026 présenté par François Bayrou le 15 juillet comme un moment de vérité, est d'une brutalité sans précédent. « Les sacrifices pour le monde du travail ça suffit », a réagi l'intersyndicale qui a lancé une pétition pour demander l'abandon immédiat du projet. Les syndicats ont prévu de se rencontrer le 1er septembre 2025 pour construire la riposte. En attendant, la Vie Ouvrière questionne les mesures proposées, classiques de politiques austéritaires et les vérités énoncées par le gouvernement.

« A chaque seconde, la dette de la France augmente de 5000 euros. Nous avons le devoir de prendre nos responsabilités car c'est la dernière station avant la falaise ». Lors de son « moment de vérité » le 15 juillet où il a présenté son plan d'économies à près de 44 milliards pour le budget 2026, puis via ses directs, le Premier ministre François Bayrou a dressé un bilan volontairement alarmiste des finances publiques du pays, qui à l'entendre, serait à deux doigts de ressembler à la Grèce post crise financière de 2008. La dette publique a atteint les 114% du PIB en 2024, contre 110% fin 2023. C'est plus qu'en Allemagne, en Espagne, mais moins qu'en Italie, aux Etats-Unis ou au Japon par exemple.

Ce n'est pas tant l'explosion des dépenses publiques (moteur essentiel de l'économie) que le recul des recettes qui est à l'origine de la dégradation des finances du pays.

Loin des records passés

Dans une France devenue selon le Béarnais « accro à la dépense publique », le gouvernement espère ramener le déficit public de 5,4% du PIB à 4,6% dès l'an prochain avant de revenir dans les règles des 3% dès 2029. Loin de cette vision apocalyptique, l'Institut Avant-garde estime que « la France est toujours en mesure de s'assurer des conditions d'endettement favorables, et le poids du service de la dette sur les dépenses publiques reste historiquement bas. La dette publique est actuellement très loin des niveaux records atteints dans le passé, à 300% duPIB pendant la première moitié du 20e siècle ». Et ce n'est pas tant l'explosion des dépenses publiques (moteur essentiel de l'économie) que le recul des recettes qui est à l'origine de la dégradation des finances du pays.

Un problème de recettes, pas de dépenses publiques

Selon une étude de l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), depuis 2017, « le creusement du déficit de 2,4 points de PIB s'explique par une baisse du taux de prélèvements obligatoires. La dégradation du solde observé entre 2017 et 2024 s'explique essentiellement par la baisse non financée des prélèvements obligatoires, et non par une dérive des dépenses publiques, relativement stables ». Dit autrement, le déficit public signe pour partie l'échec de la politique de l'offre poursuivie par le président Emmanuel Macron, qui consiste à accorder des allègements massifs d'impôts aux plus aisés et aux entreprises, sans effet significatif ni sur l'emploi, ni sur l'investissement. « Le chiffon rouge de la dette agité par le Premier Ministre est le résultat d'un choix politique organisant l'insuffisance des ressources de l'Etat et de la Sécurité sociale », écrit la CGT. Le syndicat rappelle que « les baisses de prélèvements obligatoires représentent un manque à gagner de 308,6 milliards d'euros en cumulé sur la période 2018 à 2023, ce qui représente près de 35% de la hausse de la dette publique. Sur ces 308,6 milliards, les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux ménages aisés représentent à eux seuls 207 milliards d'euros ». En outre, un rapport sénatorial a chiffré à 211 milliards (soit 7-8 points de PIB) le montant des aides publiques accordées aux entreprises en 2023, sans contreparties, ni contrôle strict. En réponse à cette gabegie François Bayrou a promis encore « plus de libertés, plus de facilités, plus de simplification pour les entreprises ». Une incapacité crasse à changer de logiciel idéologique qui risque d'avoir un effet récessif sur l'économie.