21 octobre 2025 | Mise à jour le 21 octobre 2025
La CGT a 130 ans et prépare son 54
e congrès, qui se tiendra début juin 2026 à Tours. Si certains principes qui la régissent existent depuis les origines, les changements intervenus dans le monde du travail ont eu également leur influence. Pour fonctionner, la CGT s’est dotée de structures professionnelles et interprofessionnelles, ainsi que d’organes de réflexion et de direction. Cet article est à retrouver dans son intégralité dans
La Vie ouvrière n°13 consacrée aux 130 ans.
En septembre 1895, à Limoges, le congrès « de la fondation » ; en septembre 1902, à Montpellier, le congrès « de la clarification statutaire ». Voilà comment Jérôme Beauvisage, de l’Institut d’histoire sociale de la CGT (IHS-CGT), résume les premières années de la CGT. « À Limoges, on accepte un peu tout le monde : les chambres syndicales, quelques fédérations de métiers, les bourses du travail », résume l’historien Stéphane Sirot. Ce qui crée, selon Jérôme Beauvisage, « un pêle-mêle ingouvernable ». Sept ans plus tard, les statuts définissent un principe fondamental qui régit toujours le fonctionnement de la CGT : la double affiliation. L’article 2 précise que la CGT est constituée des « fédérations nationales d’industries et de métiers » et « syndicats nationaux » d’une part, et, d’autre part, des « bourses du travail considérées comme unions locales, départementales ou régionales ». L’article 4 définit le comité confédéral, où chaque organisation adhérente dispose d’un délégué.
La complémentarité entre UL, UD et fédés
Cent vingt-trois ans plus tard, la CGT est constituée de 29 fédérations correspondant à des secteurs professionnels – Cheminots, Chimie, Commerce, Métallurgie, Mines-Énergie, Services publics, Transports, Santé et action sociale, Spectacle, Travailleurs de l’État… – et 97 unions départementales (UD), dont les secrétaires généraux siègent au sein du comité confédéral national (CCN). Généralement qualifié de « Parlement de la CGT », ce dernier « délibère des grands problèmes qui intéressent la CGT dans le cadre des orientations définies par le congrès », selon les statuts du syndicat.
En parallèle des UD, le réseau des unions locales (UL) – plus de 800 sur tout le territoire – et les comités régionaux (au nombre de 14) complètent l’échelon territorial, qui représente le secteur interprofessionnel de la CGT. Les UL regroupent ainsi les syndicats et sections syndicales d’une même zone géographique, et leur maillage « permet de construire les solidarités, de faire vivre “un syndicalisme de proximité” adapté aux diverses situations », souligne la CGT. « Quand une profession décide d’une journée de mobilisation, le relais local se fait très souvent par les UD », commente David Gistau, chargé, au sein du bureau confédéral, des questions d’organisation et de structuration internes. Cette imbrication est fondamentale. (…)
Une transformation permanente
Du côté des organes de direction de la CGT, la commission exécutive confédérale (CEC) est actuellement constituée de 66 membres (à parité entre hommes et femmes) élus lors du 53e Congrès de mars 2023, à Clermont-Ferrand. En son sein, est ensuite élu un bureau confédéral, de quatorze membres à ce jour, parmi lesquels la secrétaire générale, Sophie Binet, et l’administrateur, Laurent Brun. « La commission exécutive et le bureau confédéral ont tout pouvoir pour mettre en place les commissions, organismes, centres d'études et de formation, associations de nature à répondre aux besoins de l'action confédérale », précisent les statuts. Pour les accompagner dans leurs tâches, une commission financière de contrôle (CFC), composée à l’heure actuelle de cinq membres, vérifie « l'application des orientations du congrès en matière financière ». Les statuts précisent qu’elle « se soucie de l'état des effectifs et de la rentrée régulière des cotisations ». Elle rend compte de ses travaux à la CEC et au CCN, ainsi qu’au Congrès, défini comme « l’instance souveraine de la CGT », dont la prochaine édition est fixée en juin 2026 à Tours.
Si des principes de base, comme la double affiliation, ont été posés depuis longtemps et perdurent de nos jours, « en cent trente ans, la CGT s’est transformée en permanence pour proposer un syndicalisme adapté à l’évolution du salariat », souligne David Gistau. (…)
Un salariat en mutation
« Le nombre de cadres et d’ingénieurs a progressé [au détriment du nombre d’ouvriers, NDLR], comme l’activité des services au détriment de l’industrie », note David Gistau. La sous-traitance a explosé, l’uberisation prive de plus en plus de travailleurs de contrats de travail, en les enchaînant à une application sur téléphone portable pour recevoir des « commandes ». « Il y a des métiers qui apparaissent, d’autres qui disparaissent. Quels seront demain, par exemple, les métiers de l’intelligence artificielle ? » s’interroge le militant. Qui dénombre par ailleurs 95 000 adhérents individuels ou isolés, parce que salariés dans une entreprise où la CGT n’est pas présente. Pour préparer le 54e Congrès, le CCN a mené des ateliers sur ces questions. « Nous devons, par exemple, pousser la réflexion sur les syndicats professionnels de territoire. Il y va de l’avenir de notre organisation », assure David Gistau. « Chez les aides à domicile, il y a une expérience dans le Tarn, illustre-t-il. Elles peuvent dépendre de différents champs fédéraux : services publics, organismes sociaux, commerce, santé… Quand on organise un tel syndicat au niveau départemental, on se rend compte que ces salariées du public et du privé ont les mêmes difficultés et préoccupations, et souvent les mêmes aspirations. Elles se comprennent et cela permet de rédiger un cahier revendicatif. »