On estime qu'entre 21 000 et 31 000 milliards de dollars sont dissimulés dans les paradis fiscaux autour de la planète. En Europe, l'évasion fiscale tournerait autour de 1 000 milliards d'euros. Évasion fiscale, le hold-up du siècle, l'excellente enquête de Xavier Harel en décrypte les mécanismes et notamment la manière dont les multinationales soustraient leurs bénéfices à l'impôt, argent qui fait cruellement défaut au budget des États.
Arte, mardi 10 septembre 2013, 20h50 (1 h 30) à revoir lors des rediffusions le 14/09 à 11.25 et le 24 /09 à 8.55 ou en podcast sur Arte+7.
A l'heure où les contribuables français paient leur tiers provisionnel, la diffusion de cette enquête du journaliste économique Xavier Harel, auteur notamment de « La grande évasion, le scandale des paradis fiscaux » (Editions Babel) est particulièrement bienvenue.
En effet, comme le montrent les chiffres, les sommes ainsi fraudées sont colossales alors que, précise Xavier Harel : « Nos déficits publics ne cessent d'augmenter depuis trente ans. Ils sont liés notamment à l'explosion de l'évasion fiscale des petites et grandes entreprises mais aussi des particuliers. Certains Etats sont alors tentés de réduire le niveau des services publics… »
Baptisée « optimisation fiscale », cette pratique est universellement répandue et devient même, entre entreprises, l'objet d'une compétition récompensée par des prix à celui qui aura fraudé le plus habilement !
Délocalisation fiscale, sociétés offshore, trusts, secret bancaire sont autant d'outils de fraude parfaitement identifiés. En France, les entreprises du CAC 40 ne paient que 8% d'impôts au lieu des 33% qu'elles devraient verser au fisc sur leurs bénéfices. Aux Etats-Unis, 50 % des entreprises cotées à Wall Street ont leur siège dans le Delaware, petit état de la côte Est surnommé la petite Suisse des Etats-Unis. On y compte ainsi, par exemple, 285 000 sociétés enregistrées dans le même immeuble. D'autres choisissent certains cantons suisses, le Luxembourg où les « îles au trésor » : Bermudes, Îles Caïmans, Jersey, Hong-Kong pour y installer leur résidence (fictive) pour raisons fiscales sonnantes et trébuchantes. Une opacité qui permet aussi de dissimuler l'argent de tous les trafics illicites. « Ces Etats vivent de nos richesses, nous volent nos impôts et menacent notre stabilité financière » indique Xavier Harel.
Dans les pays peu développés, mais possédant d'importantes ressources en matières premières, les revenus de ces ressources disparaissent dans l'évasion fiscale et la corruption et on estime que moins de 1% des impôts des sociétés sont payés dans les pays où ils produisent. Pendant ce temps, les populations s'enfoncent dans la misère et le minimum des services publics n'y est pas assuré, alors que dans les pays plus développés, la casse des services publics est à l'ouvrage et l'austérité prônée par les gouvernants comme unique solution.
Un documentaire éclairant qui montre où se trouvent en réalité les moyens pour sortir d'une crise économique que ce même système a généré…
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