THÉÂTRE
Simon Delétang, planches de salut
Tout juste entré en fonction, le directeur du Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges) a dû se résoudre, crise sanitaire oblige, à annuler le festival d’été. Une première... Lire la suite
Mortels secrets
22 mai 2013 | Mise à jour le 9 février 2017
Par Rédaction NVO
Après Solness le constructeur joué récemment à Paris, le dramaturge norvégien Henrik Ibsen fait encore la une de l'actualité dramatique française. Et de nouveau, plus d'un siècle après sa disparition, il frappe fort à double titre : avec Les revenants d'abord, cette pièce qui fit scandale lors de sa création en 1881 au point d'être pratiquement interdite de représentation dans tous les théâtres européens, grâce ensuite au talent du metteur en scène allemand Thomas Ostermeier.
Le directeur de la prestigieuse Schaubühne de Berlin en a fait son auteur phare et le monte pour la première fois en langue française au théâtre des Amandiers de Nanterre… Il est vrai qu'Ibsen donne une image noire de la famille, foncièrement viciée de l'intérieur, dans ces Revenants au titre prémonitoire ! Tout n'y est que mensonges et secrets, amours possessifs et hypocrisies manifestes : de la mère tyrannique au fils syphilitique, du mari défunt au pasteur d'un vil puritanisme, du louche voisin à la jeune fille qui n'est peut-être pas seulement la bonne qu'on exploite. Entre plaintes et chuchotements, avec le retour du fils maudit à l'antre nourricière, le lourd passé des morts fait resurgir à la face des vivants le lourd passif dont ils ont tenté de s'exonérer au prix de futiles et serviles petits arrangements avec la vérité.Sous la direction d'Ostermeier, les corps des comédiens pourtant omnipuissants de présence se font légèreté d'être pour que sourde la tragique musique des âmes, les mots l'emportent sur la chair dans ce combat des non-dits et des secrets mortifères.
Une prodigieuse interprétation où les mots sonnent clairs à défaut d'être sincères entre partenaires, une mise en abîme de la cellule familiale classique qui sonne juste à l'heure où d'aucuns clament haut et fort sa pérennité et son absolue préservation. D'hier pour aujourd'hui, du grand théâtre qui mêle bonheur de la représentation et plaisir de la réflexion.
Les 23 et 24/05 à Thonon-évian, les 29 et 30/05 à Quimper, du 5 au 7/06 à Caen, du 12 au 14/06 à Montpellier.
Loïc Maxime
