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BANDE DESSINÉE

Bulles d'ailleurs

20 février 2015 | Mise à jour le 20 mars 2017
Par
Bulles d'ailleurs

Faisant fi de la distance, la culture rapproche de l'autre. Jirô Taniguchi, nous invite en un Japon éternel tandis que les reportages de Jean-Philippe Stassen dévoilent l'Afrique sans poncifs.

VOYAGE AU JAPON D’ANTAN

Jirô Taniguchi, maître incontesté du manga, très apprécié en France et auteur d'ouvrages exaltant la poésie du quotidien et de l'indicible, réussit, avec «Elle s'appelait Tomoji», à nous faire traverser une part de l'histoire contemporaine du Japon.

Tomoji Uchida est née pendant l'ère Taishô (1912-1926), cruellement marquée par le grand tremblement de terre qui ravage, en 1923, la région du Kantô, au centre de laquelle se trouve Tokyo.

Si la vie de la jeune Tomoji a connu d'autres séismes plus intimes, elle les surmonte avec une volonté exemplaire. Personnage réel et fondatrice d'un temple bouddhiste fréquenté par l'auteur, Tomoji transporte le lecteur au cœur d'un Japon alors rural et pauvre où les traditions demeurent prégnantes. Un voyage dans le temps et l'espace, alternant noir et blanc et couleurs pastels et peint avec la délicatesse qui caractérise Taniguchi.

«Elle s'appelait Tomoji»,
de Jirô Taniguchi. Éditions Rue de Sèvres. 168 p., 17€

 

BÉDÉREPORTAGES

À l'instar de Joe Sacco, de Guy Delisle ou Emmanuel Guibert, Jean-Philippe Stassen est un bédéreporter dont les reportages ont été, notamment, publiés dans les excellentes revues «XXI» et «La revue dessinée». En 2000, l'auteur belge publie notamment le frappant «Deogratias» (éd. Dupuis) sur le Rwanda juste après le génocide de 1994.

L'ouvrage «I comb Jesus» (Je peigne Jésus) est un recueil de cinq reportages réalisés entre 2007 et 2013 au Rwanda, au Congo, en Espagne, au Maroc, en Belgique, en France et en Afrique du Sud.

Avec son trait immédiatement reconnaissable et son style innovant, Stassen explore l'Afrique et sa diaspora sur un thème majeur du siècle, les migrations et leurs causes: guerres, misère, néocolonialisme.

Il est question d'enfants soldats, de rescapés de divers conflits, mais aussi d'exil, de création (avec le peintre sud-africain Anton Kannemeyer) et de fête.
Chacun de ces bédéreportages est à la fois une leçon de géopolitique très documentée et le témoignage direct et puissant de ceux qui en ont vécu les soubresauts dans leur chair.

«I comb Jesus»,
de Jean-Philippe Stassen. Éditions Futuropolis. 160 p., 22,50€