2 octobre 2015 | Mise à jour le 2 mars 2017
Pêcher et pécher occupent également Sunderson, l'ex-flic héros récurrent de Jim Harrison depuis « Grand maître ». Au-delà d'une intrigue basique, l'écrivain dénonce une société violente dans « Péchés capitaux ».
Nous avions quitté l'inspecteur Sunderson, son ex-épouse Diane et sa jolie voisine, Mona, après que le vieux flic avait démantelé la lucrative et violente secte d'un gourou pédophile qui se trouvait être son voisin.
Lorsque s'ouvre « Péchés capitaux », Sunderson vient de prendre sa retraite et de déménager pour le nord du Michigan (d'où l'écrivain est originaire). Mais il n'en a pas fini avec les voisinages criminels, puisque sévit près de chez lui la famille Ames, un ramassis de brutes sadiques, incestueuses, qui ne connaît que l'extrême violence et terrorise jusqu'aux flics locaux.
Lui-même obsédé par les femmes – très jeunes, bien trop pour lui – et alcoolique, Sunderson n'est pourtant pas un modèle. Mais les personnages modèles ne sont pas de l'univers d'Harrison, pas plus qu'ils ne courent les rues des États-Unis… ou d'ailleurs ! Le vieil inspecteur s'interroge sur les péchés capitaux qui l'avaient tant frappés dans son enfance et conclut, non sans raison, que la violence mériterait largement d'être le huitième de la liste.
Si l'intrigue de ce roman est assez secondaire et pas du meilleur cru de l'auteur, si les obsessions de son personnage alourdissent son propos par leur répétition, Jim Harrison est toujours capable de pages magnifiques où il nous parle de Shakespeare, de pêche à la truite, des Indiens et de la nature. Sunderson est une espèce d'excroissance déformée de son auteur, amateur éclairé de bonne chère et de bons vins, comme une version outrancière, déjantée et bien moins sympathique du vieil ogre du Michigan.
Péchés capitaux, de Jim Harrison, traduit de l'anglais par Brice Matthieussent, Flammarion, 350 p., 21 €.