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CINÉMA

Mort d'un chibani

9 février 2016 | Mise à jour le 20 février 2017
Par | Photo(s) : François Pauletto/AFP
Mort d'un chibani

En juin 2009, à Argenteuil, deux retraités, Arezki Kerfali et Ali Ziri sont arrêtés par la police lors d'un contrôle routier musclé et emmenés au commissariat. Ali Ziri décède à l'hôpital 48 h plus tard.

C'est à une véritable contre-enquête que s'est livré, pendant cinq ans, le réalisateur Luc Decaster, qui habite la commune. Il a interrogé les proches, les membres du Collectif « Vérité et justice pour Ali Ziri », qui continuent à mener un combat pour que ces violences policières ne demeurent pas impunies.

Mais sa caméra est discrète, à l'écoute : « Luc est d'abord comme nous un militant d'Argenteuil indigné par la mort d'Ali Ziri et par les blessures physiques et mentales infligées à Arezki Kerfali. Un jour, il est venu avec une caméra collée à l'épaule. C'était juste un troisième œil de plus. Mais depuis la sortie de ce film, ce sont des milliers de citoyens de plus qui vont voir. Et cela est important pour la reconnaissance de notre combat et plus encore pour notre dignité. »

Le film nous parle donc d'Ali Ziri, un de ces chibanis, vieux travailleur immigré, qui a vécu 40 ans dans une chambre d'un foyer d'Argenteuil. Invisible, jusque dans sa mort, s'il n'y avait la volonté de ses proches de lui rendre justice.

Les nombreux hématomes et blessures constatés sur le corps d'Ali Ziri attestent qu'il a été victime d'un tabassage au commissariat d’Argenteuil et que son décès a été causé par la technique d'immobilisation dite de « pliage », pourtant interdite depuis 2003.

Le cas d'Ali Ziri n'est pas isolé et les victimes sont très majoritairement arabes, noires, roms ou considérées comme telles. Moins de 5 % des procédures entamées contre ces violences aboutissent à des peines de prison ferme et il n'existe pas de statistiques officielles sur ces violences invisibles et niées.

La procédure devrait porter l'affaire Ali Ziri devant la Cour européenne des droits de l'Homme.
Aux côtés du collectif pour Ali Ziri, Luc Decaster signe donc un documentaire dans la lignée du cinéma direct et d'intervention sociale, qui est sans doute la trace la plus complète de cette affaire où le déni de justice, l'impunité et l'omerta règnent en maîtres.

 

Mort d'un chibani. DVD Zeugma Films. 14 €

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