Simon Delétang, planches de salut
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Créée en septembre 2015 à Mons (alors capitale de la culture), la pièce de Joël Pommerat a réalisé un premier tour de France jusqu'en juin 2016. Pommerat et ses excellents comédiens reprennent leur tournée en posant à nouveau leurs valises au théâtre de Nanterre du 9 au 25 septembre (voir calendrier) avant d’être proposée dans nombre d’autres villes.
4 h 10 de théâtre à vif (2 courts entractes) porté par sa compagnie Brouillard, 14 comédiens sur scène (jonglant avec plusieurs rôles), d'autres disséminés dans l'ombre de la salle (le « peuple » acteur), tous brillants, nous restituent chronologiquement et historiquement les jours des fameux États généraux qui ont abouti à la Révolution en 1789.
Et très précisément, des assemblées de notables dans les provinces de 1787 jusqu'à la nuit du 4 août 1789.
D'autres metteurs en scène se sont déjà attelés à la Révolution française : Mnouchkine, Büchner, Creuzevault, etc… Pommerat, lui, décline sa fresque (très documentée) au présent : décor minimaliste et sobre, costumes gris de ville pour tous les protagonistes, pas de héros historiques notoires explicitement (même si les personnages sont fort reconnaissables), seul le roi Louis XVI est présenté physiquement.
La révolte du peuple et les canons sont hors champs et bruissent sur fond sonore. Le jeu de lumière est rythmé par le déroulé, et par intermittence dirigé violemment vers la salle aveuglant les spectateurs que nous sommes et libérant la parole des acteurs tapis parmi nous.
Le spectacle débute avec les mises en garde du premier ministre stressé (Necker, bien sûr), clope au bec, qui présente son projet de réforme des finances pour enrayer la dette qui menace le royaume de France. L'espace est dédié aux débats (Tiers –État, conseils du roi, allocutions publiques, séances d'arrondissements parisiens etc.), et place d'emblée les spectateurs dans un questionnement de type idéologique et dans l'effervescence d'un moment historique.
Le verbe est au centre de l'action et « la conflictualité est le moteur de l'intrigue », précise Joël Pommerat : diatribes, joutes oratoires, invectives, ça parle, ça discute, ça hurle, ça en vient aux mains
Une forme de « démocratie participative » se joue sous nos yeux écarquillés. Pommerat ajoute : « Ça ira est une fiction vraie […] il ne s'agit pas d'une pièce politique, mais d'une pièce dont le sujet est politique (…) On vise un double mouvement, celui de l'Histoire, sous celui du texte. »
Réflexion et questions submergent les spectateurs à la sortie de ce spectacle, dont on sort à la fois sonné et ragaillardi : l'histoire se répéterait-telle ? Qui l'écrit ? Comment y trouver sa place ? De quel peuple parlons-nous ?
Et finalement, qu’est-ce qui définit la démocratie ? Une interrogation qui résonne aussi au présent où la peur peut brouiller nombre de repères…
Courez voir cette adaptation de Joël Pommerat et sa formidable troupe : la Révolution se joue sous vos yeux…
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