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Le trait d’union

12 août 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
Par
Le trait d’union

« Mon père était boxeur. » Cette simple phrase, pour Barbara Pellerin – qui signe ce récit intime devenu BD grâce aux planches de Vincent Bailly – ouvre enfin une porte de communication entre un père et sa fille.

La violence de qui n'a pas les mots, c'est celle qui amènera Hubert Pellerin, cadet des quatorze enfants d'une famille très modeste, sur un ring de boxe. Pourtant, les mots, il les trouvera quelquefois, notamment pour séduire Marie-José, alors qu'à 18 ans, il vient de gagner le championnat de France espoirs de sa catégorie. Et aussi lorsqu'il deviendra VRP en spiritueux après avoir raccroché les gants.

Mais avec Barbara, Hubert ne sait pas dire et pas faire. Il est gauche, maladroit, encombré par son grand corps massif devant cette toute petite enfant.Ses mains savent donner des coups, mais ont du mal à caresser, ses bras savent trouver la détente pour frapper un adversaire, mais mal étreindre…
Il ne sait pas exprimer l'amour, pourtant bien réel, qu'il porte à ses filles (Barbara a une sœur), pas plus qu'il ne sait contrôler des explosions de violences qu'il a du mal à nommer.

Même des années plus tard, lorsque Barbara entreprend de réaliser un petit film dont son père est le sujet – au prétexte de parler du club de boxe – la communication entre eux est difficile. Et pas seulement parce qu'Hubert entend mal. « J'ai pris des coups », s'excuse-t-il.
Grâce à Kris, qui a aidé à l'accouchement de ce projet, Barbara Pellerin a accompli une part essentielle du chemin vers son père, longtemps après le divorce de ses parents, qu'Hubert a particulièrement mal vécu.
En se plaçant dans la position d'auteure, elle a enfin pu vaincre ses peurs, entamer un difficile, mais nécessaire et ultime dialogue.

Cette bande dessinée, et le film amateur qui l'accompagne en DVD, sont le témoignage et la trace de cet échange que la mort brutale d'Hubert viendra interrompre, mais qui est à la fois une touchante preuve d'amour entre père et fille, une thérapie et la preuve que l'absence de communication et la violence qu'elle génère empoisonnent bien des vies.

 

 

 

 

« Mon père était boxeur »,
de Barbara Pellerin.
Dessin et couleurs de Vincent Bailly.
Adaptation, scénario et dialogue de Kris et Barbara Pellerin.
Editions Futuropolis.
80 p., 20 €.