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DÉFENSE

Défendre et développer notre modèle social

6 juillet 2014 | Mise à jour le 25 avril 2017
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Défendre et développer notre modèle social

Ce lundi matin débute la troisième conférence sociale » depuis l’arrivée de François Hollande à la présidence. La Cgt souhaite des actes forts en faveur du monde du travail. Pas question pour que le syndicalisme se cantonne à de la figuration. La confédération porte des exigences fortes autour de 94 propositions pour les salaires, l'emploi, la démocratie sociale, le contrôle des aides publiques aux entreprises… Retour sur quelques enjeux de la période.

Marie-Laurence Bertrand (1), qui conduira la délégation de la CGT, se refuse au pessimisme a priori. Et de s'appuyer sur la campagne du syndicat tendant à démontrer que « ce n'est pas le travail qui coûte, mais le capital, le travail, lui, produisant de la richesse depuis la nuit des temps ». Sur la lutte emblématique des cheminots et des intermittents et d'autres salariés, notamment dans la métallurgie, « avec souvent une issue gagnante ». Et puis, il y aura eu l'appel interprofessionnel du 26 juin. Une actualité bouillonnante qui devrait parvenir, pour ne pas dire plus, aux portes de la Conférence.

Celle-ci, donc, se déroulera sur un jour et demi, au lieu de deux pour les précédentes. Parole de Premier ministre, il l'a voulue « la plus opérationnelle possible ». Et il y aura des tables rondes thématiques, avec, pour chacune, un ministre à sa direction. à Arnaud Montebourg, « le retour de la croissance par l'investissement », à Michel Sapin et Harlem Désir, l'Europe, à Marylise Lebranchu « les services publics et la réforme territoriale », à Marisol Touraine, la santé au travail. Christian Eckert, secrétaire d'état au budget, sera chargé de faire émerger les questions du « pouvoir d'achat et les rémunérations », Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem, eux, de l'école et de l'insertion des jeunes. Quant à l'emploi, c'est François Rebsamen qui officiera.

 

Un coût amer

Repris par un journal économique, Thierry Lepaon précise d'emblée dans quel état d'esprit siégera la délégation de la confédération : investissement total pour parler des préoccupations des salariés, à moins que le gouvernement n'ait choisi « de nous expliquer que le pacte de responsabilité est l'avenir de la France ». Et qu'il faut continuer ! à tailler dans les effectifs des communes jusqu'à l'état, à supprimer des postes dans la santé… Une conception étroite, la CGT soulignant qu'à l'inverse « la qualité des services publics français est un facteur d'attractivité vers notre pays ». C'est vrai que les deux premières conférences avaient laissé un coût amer. N'ont-elles pas conduit vers l'ANI (accord national interprofessionnel) et à la loi sur la « sécurisation de l'emploi », la réforme des retraites et une « loi Florange » vidée de tout contenu au final ?

C'est ainsi que Marie-Laurence Bertrand, lors de la réunion préparatoire à la Conférence, a prévenu : « Le choix de l'austérité, celui de faire de la politique de l'offre la recette miracle de sortie de crise, comme les faveurs accordées aux entreprises sont vécus à juste titre comme autant d'injustices et de remises en cause du contrat. » Et d'évoquer « les 30 milliards supplémentaires alloués au patronat de droit privé, sans qu'un emploi ne soit créé ». Pas question de « s'aligner sur une pensée unique, une doxa qui s'apparenterait à une subordination ». « Ce n'est pas le travail qui coûte cher, car au contraire il rapporte énormément aux entreprises et à leurs actionnaires. Moins le salarié est payé, plus cela leur rapporte. C'est cette vérité simple qu'ils veulent cacher. Alors que l'augmentation du pouvoir d'achat est un puissant moteur du développement économique », martèle la CGT qui se félicite de l'intérêt de sa campagne sur ce thème dans les entreprises. « Des salariés pour lesquels nous constatons que cette préoccupation va de pair avec l'exercice de leur travail », note Marie-Laurence Bertrand.
« C'est cela qui coûte au pays […]. Ces choix sont mauvais et dangereux. Cela fait des années qu'ils sont utilisés sans que leur efficacité ait été démontrée, bien au contraire. Le chômage ne cesse de progresser, la désindustrialisation s'accentue, et la pauvreté et l'exclusion explosent. » Et d'en appeler « au choix de l'investissement, de l'industrialisation, de la recherche et des services publics ». C'est en tout cas ces thèmes qui dicteront les positions de la CGT tout au long des tables rondes, « pour un développement au service des peuples pour aujourd'hui et pour demain ».

 

Œuvrer pour une véritable démocratie sociale

La CGT est on ne peut plus claire : « Au cœur de nos interventions, il y aura la défense et le développement du modèle social qui a permis l'accession de notre pays au développement. Un modèle qui s'est construit en érigeant la recherche de l'intérêt général comme principe intangible et déterminant ». « La Sécurité sociale, les services publics, les politiques d'investissement audacieuses ont dessiné cette France du progrès social à laquelle nous ne renoncerons jamais », rappelle Marie-Laurence Bertrand. Laquelle invite le gouvernement à réfléchir à l'exercice d'une « véritable démocratie sociale ». « On ne peut se faire le chantre du dialogue social et en oublier les règles politiques essentielles. Le projet de réforme portant sur la désignation des conseillers prud'hommes est de ce point de vue inacceptable. »

Tout comme l'accord de « fin de conflit signé avec les organisations syndicales non impliquées dans le mouvement ». Une première européenne !
« Quand un peuple ne se reconnaît plus dans ses édiles, c'est tout l'édifice qui est fragilisé », analyse la CGT en demandant au pouvoir de « changer de cap ». La montée alarmante de l'abstention aux dernières élections et le vote d'extrême droite pourraient marquer pour beaucoup un rejet du politique.

Ni pessimiste, ni d'un enthousiasme débordant – à moins que ! –, la CGT sera bien présente à la troisième conférence sociale, qui, au vu de la situation économique, sociale et politique, devrait être d'une « nature totalement différente des précédentes ».
(1) Avec Agnès Le Bot et éric Lafont.

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Deux questions à…

CONSTRUIRE DES PROJETS REVENDICATIFS RÉGIONAUX

nvo  Qu'est-ce qui a motivé l'or­ganisation du colloque, ce 12 juin, à ­Bordeaux ?
Philippe Mediavilla Ce colloque s'inscrit dans une démarche régionale plus globale : la campagne « Travailler mieux pour un développement humain durable ». Nous voulons multiplier les rencontres et les écha­nges pour permettre aux militants de réfléchir ensemble, pour anticiper et construire. Des travaux sont déjà engagés autour de plusieurs secteurs et filières. Nous avons également publié des fiches et des cahiers de revendications dont les syndicats et les structures doivent s'emparer. La méthode de travail est simple : recenser les besoins en matière d'emploi, ceux des salariés, et engager la réflexion pour chercher comment y répondre.

 

Quelle suite sera donnée ?
L'idée est de déboucher sur du concret. Cela vaut pour le cahier revendicatif dans une entreprise, mais aussi pour des projets et des propositions à la dimension du bassin d'emploi ou d'un territoire plus large. Nous devons être réactifs et constructifs et, pour y arriver, nous devons gagner en engagement à tous les échelons de la région. Ces moments d'échange sont importants. Ils donnent une vision politique plus large de ce qu'on peut conduire, du niveau régional aux territoires, en travaillant sur des aspects concrets. Chacun de ces éléments correspond à la construction de projets revendicatifs régionaux et interrégionaux, dont la conclusion sera l'organisation des états généraux de l'emploi en Aquitaine à l'horizon 2015.

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