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HÔPITAL

Quand Martin Hirsch manie le scalpel

20 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP/Martin Bureau
Quand Martin Hirsch manie le scalpel

Le personnel de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris est en grève le jeudi 21 mai, à l'appel des syndicats. Un rassemblement se tient à partir de 11 heures devant le siège de l'AP-HP.

Le personnel de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est en grève le jeudi 21 mai à l'appel de la quasi-totalité des syndicats (USAP-CGT, SUD, CFDT, FO), rejoints par la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa. Le mouvement s'annonce massif après la tenue de nombreuses assemblées générales dans les différents établissements hospitaliers.

Les grévistes se rassembleront à partir de 11 heures devant le siège de l'AP-HP, dans le 4e arrondissement de Paris, avec ce mot d'ordre notamment: «repos préservé, qualité des soins assurés», tant il est vrai que le sort des patients est indissociable de celui des soignants. Une étude parue en février 2014 dans la revue médicale The Lancet a ainsi montré que la charge de travail est un facteur déterminant dans le taux de mortalité des patients.

25 MILLIONS D'ÉCONOMIES EN SUPPRIMANT DES RTT

C'est en particulier le projet de réforme de l'organisation du temps de travail qui suscite inquiétude et colère du personnel. Il prévoit notamment de supprimer un nombre important de jours de réduction du temps de travail (RTT), un acquis gagné par la lutte à l'occasion d'une mise en œuvre spécifique de la loi sur les 35 heures. Les effectifs très insuffisants empêchent les agents de prendre la totalité de ces journées de repos qu'ils placent sur des comptes épargne temps. Le stock représentait ainsi 74,7 millions d'euros fin 2014 et concernait plus de 36 000 agents sur les 75 000 qu'emploie l'AP-HP. De quoi susciter l'appétit du directeur général, Martin Hirsch…

La suppression partielle des RTT lui permettrait de réaliser une économie de 25 millions d'euros sur le dos des salariés. «Ces jours de repos sont une reconnaissance de la pénibilité de notre travail», souligne Rose-May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP. En première ligne en cas d'épidémie ou de canicule, le personnel hospitalier fait preuve d'un dévouement quotidien pour continuer à assurer des soins de qualité, dépassant bien souvent les horaires pour répondre aux besoins des patients.

PRÉCARITÉ RECORD

Alors qu'on est «déjà à l'os», la direction de l'AP-HP, conformément aux choix austéritaires du gouvernement et de la ministre de la Santé, entend encore «se payer sur la bête», ajoute la dirigeante syndicale, pour noter aussitôt que les économies ainsi souhaitées équivalent à près de 1 800 emplois. Ce nombre dépasse largement celui des titularisations «concédées» récemment par Martin Hirsch dans le cadre d'un plan de résorption de la précarité notoirement insuffisant. L'AP-HP compte aujourd'hui quelque 10 000 salariés sous contrat à durée déterminée (CDD) qui, pour la plupart, occupent des postes permanents et n'ont droit à aucune RTT…

Après la hausse des tarifs des crèches, le projet contesté envisage aussi de décompter du temps de travail le repas (30 minutes), l'habillage et le déshabillage (10 minutes chacun). Il porte en germe la modification de toute la structure de travail et la mise en pièces du service public dont l'AP-HP constitue encore un fleuron. C'est ainsi qu'il envisage une modulation des équipes selon les pointes d'activité, avec augmentation de la polyvalence et de la mobilité pour les personnels débordés, dont les salaires sont bloqués depuis 2010. «Nous sommes des humains en charge de soigner des humains, mais la direction n'a plus pour seule boussole que les injonctions financières», dénonce Rose-May Rousseau.

 NI NÉGOCIABLE, NI AMENDABLE

Les espoirs d'un dialogue social réel, nés à l'arrivée de Martin Hirsch à l'automne 2013, ont fait long feu. C'est au pas de charge que le directeur général reprend aujourd'hui un projet concocté en 2011. Il prétend clore les négociations sur la réforme du temps de travail le 18 juin prochain, pour une mise en œuvre dès le 1er janvier 2016. Mais rien n'est joué. Dès la première séance de concertation préalable, le 6 mai dernier, l'ensemble des syndicats a quitté la salle, décidant de ne pas participer aux réunions suivantes.

«Ce projet n'est ni négociable, ni amendable», indique encore Rose-May Rousseau en rappelant la revendication portée par les syndicats : retrait du projet, ouverture de discussions sérieuses sur le temps de travail du personnel, résorption de la précarité et embauches nécessaires à l'exercice des missions de service public.

Le 21 mai est «une première étape de l'action» contre ces plans d'austérité qui prévoient 3 milliards d'euros d'économies d'ici 2017 dans le domaine de la santé dont 730 millions pour les hôpitaux. Soit 150 millions d'euros en moins pour l'AP-HP dès 2015.