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Bronca à Radio France

29 mai 2015 | Mise à jour le 8 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP
Bronca à Radio France

Durant les vingt-huit jours de grève, les personnels de la Maison de la radio ont dit leur attachement au service public, fustigeant le désengagement de l'État et les restructurations en cours.

Pour s'opposer au plan d'économies de quelque 50 millions prévu par la direction, les salariés de Radio France ont bataillé pendant près d'un mois. Le plus long conflit jamais connu dans la Maison ronde qui, pour la première fois, affiche un déficit pour 2015 de 21,3 millions d'euros. En cause : une réduction de la dotation budgétaire publique et un chantier de réhabilitation au budget faramineux. L'État a diminué de plus de 80 millions d'euros le montant qu'il s'était engagé à verser au titre de la contribution au contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour 2010-2014. Quant au chantier pour rénover le bâtiment, son budget, estimé à moins de 200 millions d'euros en 2004, il avoisine les 600 millions d'euros aujourd'hui, sans être terminé.

Dix ans que les travaux durent, que les salariés déménagent puis redéménagent, que les studios refaits sont défaits car impraticables – 25 cabines de montage et studios d'enregistrement ont dû être fermés car imbibés d'un solvant toxique… Qu'à cela ne tienne, l'écrin est vanté pour la location : « Des espaces événementiels au sein de la radio afin d'organiser vos conférences de presse, séminaires, conventions, tournages, défilés, cocktails… » Et c'est là où le bât blesse. Car la Maison, qui était un écrin pour la radio, avec des normes acoustiques des plus pointues, est refaite en partie pour la galerie. Du jamais vu ici. On recommande le mythique studio 104 entièrement rénové, alors qu'on a omis la régie. Un beau studio vitrine fut construit près de la cafétéria puis démoli car bien trop bruyant pour les ondes…

« Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés ? », demandaient les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique, dans une Lettre ouverte aux auditeurs 1.

UN SERVICE PUBLIC ATTAQUÉ

Ils poursuivaient : « Comment conserver notre indépendance – celle à laquelle vous avez droit –quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées ? » Là encore, ­Radio France, qui reste une forteresse – déjà assiégée sur France Inter – contre la réclame qui pollue nombres d'antennes, se voit sommée d'être rentable et donc de s'ouvrir aux annonceurs. Le collectif mis en place lors du conflit, Le meilleur des ondes, raillait des probables fictions de deux minutes conçues « dans le cadre des productions rationalisées » : une adaptation de la tragédie d'Hamlet où les complaintes n'étaient pas de mise, ou de Madame Bovary, où Rodolphe devait faire vite pour culbuter Emma 2…

En attendant, l'avenir des studios, où s'enregistrent les fictions de Radio France – premier employeur de comédiens en France –, qui doivent être rénovés, reste flou.
La logique commerciale qui pointe dans le plan d'économie avec une possibilité de faire payer les podcasts, provoque une bronca comme lors d'une AG, où le PDG Mathieu Gallet parlait de marques plutôt que d'antennes. La vision strictement comptable contredit la mission de service public. Même chose pour les orchestres de la maison. Après avoir évoqué leur fusion ou le rattachement de l'Orchestre national de France au Théâtre des Champs-Elysées, on envisage leur « redimensionnement ». Qu'il semble loin le temps où, quand on demandait : « pourquoi deux orchestres à Radio France ? » au compositeur René Koering (directeur de la Musique de 2000 à 2004), il répondait : « Parce que nous n'avons pas les moyens d'en avoir trois »…

 
1. vivelaradio
2.soundcloud