A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris
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Une véritable enquête va-t-elle enfin permettre de déterminer qui a assassiné en plein Paris, le 4 mai 1978, Henri Curiel, et qui en ont été les commanditaires ?
Henri Curiel, considéré comme le fondateur du parti communiste égyptien, né au Caire d'une riche famille, a connu les camps d'emprisonnement de Farouk. Juif communiste, il y a fréquenté ses camarades autant que les Frères musulmans, eux aussi victimes de persécution. Et il a su soutenir l'avènement de Nasser pour son tiers-mondisme, en dépit de la répression politique du régime.
Exilé en France, il y a pris le relais de la direction du réseau Jeanson de soutien au FLN, en lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Engagement qui lui a valu d'être interné à Fresnes, avant qu’il ne fonde « Solidarité », réseau d'aide aux peuples qui combattaient le colonialisme, les dictatures, l'apartheid, et à leurs militantes et militants parfois – souvent – contraints à la clandestinité. Henri Curiel est aussi l'un des pionniers de l'aide à l'organisation du dialogue israélo-palestinien, alors clandestin lui aussi.
En 1976, l'hebdomadaire Le Point le présente en une comme le « patron des réseaux d'aide au terrorisme ». Il est alors envoyé en résidence surveillée à Digne-les-Bains (PACA), avant de regagner Paris. Et d'y être assassiné, en sortant de chez lui, rue Rollin.
37 ans plus tard, la parution d'un livre du journaliste Christian Rol, Le roman vrai d'un fasciste français, permet à la famille et à son avocat, maître William Bourdon, de demander la réouverture de l'enquête.
L'auteur a en effet recueilli le témoignage d'un ancien mercenaire en Afrique et au Liban, un homme gravitant dans les milieux d'extrême droite, Occident, Ordre nouveau, GUD (Groupe union défense), mais aussi auprès des barbouzes du SAC (Service d'action civique) : René Resceniti de Says.
Celui-ci, avant de mourir, aurait revendiqué les assassinats d'Henri Curiel en 1978, puis de Pierre Goldman en 1979.
Dans son livre, Christian Rol écrit : « Sitôt après l'exécution, René et son comparse ont disparu dans la foule, rue Monge, en contrebas, pour, plus tard, remettre le Colt à un troisième homme. Celui-ci aurait été extrait de la préfecture de police, de l'autre côté de la Seine, et remis à sa place, parmi les armes saisies sur des affaires judiciaires antérieures. »
C'est également depuis la préfecture de police que la revendication aurait eu lieu auprès de l'AFP. « Aujourd'hui, à 14 heures, l'agent du KGB, Henri Curiel, militant de la cause arabe, traître à la France qui l'a adopté, a cessé définitivement ses activités. Il a été exécuté en souvenir de nos morts. Lors de notre dernière opération, nous avions prévenu. Delta ».
La « dernière opération », c'est l'assassinat du gardien de l'Amicale des Algériens en France, Laïb Sebai, quelques mois plus tôt. « Delta » fait référence aux Commandos Delta, bras armé de l'OAS. Manipulation ?
La réouverture de l'enquête permettrait à la fois de vérifier les affirmations de Resceniti de Says, de trouver ses complices, et de chercher ses commanditaires. D'autant que l'homme précise avoir peut-être agi en sous-traitance au profit d'un autre État. Lequel ?
En tout état de cause, les années 1970, années Giscard d'Estaing – alors que la génération des tenants de « l'Algérie française » est encore active, et en pleine guerre froide – ont été celles de plusieurs assassinats politiques en France.
Avec quels soutiens ? Les réponses à ces questions ont sans doute à voir avec l'histoire. Mais aussi avec la conception que l'on se fait de la vérité et de la justice, de la République et de la démocratie.
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