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Rentrée sociale Pendant que la CGT tenait son CCN de rentrée, mardi 30 août, démarrait, à Jouy-en-Josas, l’université d’été du Medef. Au programme : les propositions patronales pour en finir avec les « 30 piteuses » et construire les « 30 audacieuses ». À l’entrée du campus d’HEC, où se tenait l’événement, les participants furent accueillis par une délégation de la CGT des Yvelines.
« On va créer un million d'emplois sur cinq ans. » La formule de Pierre Gattaz est encore dans les esprits plus de deux ans après la promesse – pin’s à l’appui ! – du patron des patrons. Si le président du Medef réfute, à l’occasion de l’université d’été de son organisation, avoir jamais promis d’atteindre ce chiffre, il surenchérit cependant mardi en déclarant détenir la recette pour en créer 2 millions. Autre objectif de Pierre Gattaz : faire de la France la « Silicon Valley de l’Europe à horizon 2026 ».
C’est que Pierre Gattaz est très confiant pour l’avenir de la France. Après un diagnostic des « mutations profondes » auxquelles l’économie du pays devra s’adapter dans les années à venir – nouvelles technologies, nouveaux modèles économiques, évolutions démographiques et changement climatique – il égraine les atouts de la France, qui permettront, selon lui, au pays de « gagner » en vantant un système de recherche performant, un rayonnement culturel international, une jeunesse audacieuse et un positionnement géographique au cœur de l’Europe.
Mais pour tirer profit de ces atouts, les dirigeants d’entreprise présents à Jouy-en-Josas en appellent à l’unisson à « déverrouiller » le marché du travail. Pierre Gattaz va même jusqu’à reprendre, en ses propres termes, par quatre fois, la fameuse expression d’Arthur Laffer (un économiste libéral). « Trop de charges tuent les entreprises », dit-il, ou encore, « trop de contraintes sociales tuent le social et donc l'emploi ».
Une analyse partagée par Gary Coombe, président pour l’Europe de la multinationale Procter & Gamble, et Tony Elumelu, économiste et entrepreneur nigérian, invités tous deux à débattre sur l’image de la France à l’étranger. « Il faut permettre aux entreprises de fonctionner de manière relativement libre », dira le premier. Le second abondera : « Le gouvernement [français, NDLR] doit comprendre que ce qui est bon pour le secteur privé est bon pour le pays. »
Pourtant, à quelques pas de la scène où défilent les invités du Medef, un autre son de cloche se fait entendre. À l’entrée du campus HEC, l’école de commerce hôtesse du rassemblement, un groupe de syndicalistes CGT et FSU s’est invité à la fête.
Maintenus à l’extérieur par un dispositif de sécurité impressionnant, les syndicalistes tenaient à rappeler leur désaccord avec les prescriptions du Medef ainsi que leur opposition à la loi « travail ».
« Si le gouvernement a sa responsabilité dans le projet de loi et dans la manière antidémocratique par laquelle il a été accepté, derrière cette loi-là apparaissent les revendications du patronat », explique Sonia Porot, secrétaire générale de l’union départementale CGT des Yvelines et organisatrice du rassemblement.
Les enjeux liés à la question de l’environnement ou aux nouvelles technologies « sont aussi une préoccupation de la CGT, concède-t-elle, mais en ce qui concerne les solutions proposées, nous sommes quand même très loin ».
Pacte de responsabilité, CICE, mesures de simplification ou encore « début d’inversion de la hiérarchie des normes » et compte personnel de formation, autant de réformes contre lesquelles s’est battue la CGT et que le président du mouvement patronal qualifiait, ce mardi, de « demi-réformes » certes « intéressantes », mais qui « ne résolvent rien » car trop frileuses au goût du Medef.
Un an après la déclaration d’amour du premier ministre Manuel Valls à cette même université d’été, et à moins de neuf mois de l’élection présidentielle, le programme de la grand-messe du patronat français faisait d’ailleurs figure de cahier de doléances patronales pour aller au delà des réformes entreprises au cours du quinquennat actuel.
Les candidats et candidates à la primaire de droite, de Nicolas Sarkozy à Rama Yade, en passant par Alain Juppé, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand, se sont succédé sur la scène pour passer leur « grand oral » et tenter de convaincre les participants. Le désormais ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, figurait, lui aussi sur la liste des invités, mais sa démission de Bercy est venue chambouler l’agenda des organisateurs.
Au cours des deux journées, les participants ont ainsi pu entendre Nicolas Sarkozy déclarer que « le paritarisme, c’est l’autre mot de l’immobilisme, plus on dialogue moins on fait » et promettre de « supprimer le monopole syndical au premier tour des élections professionnelles » en instaurant une représentation unique, tandis que Bruno Le Maire proposait de ne plus limiter le renouvellement d’un CDD.
Autres propositions : François Fillon a déclaré aux patrons présents vouloir baisser les charges et impôts sur les entreprises de 50 milliards d’euros et de rendre une « liberté totale aux entreprises ». Toujours sur le volet fiscal, Alain Juppé s’est joint à l’opération séduction en annonçant son désir d’instaurer une loi de programmation fiscale sur cinq ans afin d’assurer une certaine stabilité aux entreprises. L’ancien premier ministre, architecte du plan éponyme qui déclencha les grandes grèves de 1995, promet également une « clarification des motifs de licenciements » afin de limiter le pouvoir d'appréciation de la justice prud’homale.
Un florilège de propositions « qu’on dénonce et qu’on combat à la CGT », explique Sonia Porot, qui craint qu’une baisse des charges n’affaiblisse encore plus les systèmes de protection sociale et qu’une poursuite des réformes du droit du travail n’aboutisse à plus de précarité pour les travailleurs.
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