Toutes les inquiétudes de la CGT sont confirmées
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Tours, Marseille, Nantes, Rennes, Le Havre, Lyon, Grenoble, Lille, Belfort… Cette 14e journée d'action contre la loi El Khomri – en comptant le 1er mai – a été suivie partout en France hier, 15 septembre.
Plus de 170 000 personnes, dans plus de 110 villes, ont répondu à l'appel à manifester lancé, début juillet, par l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaire, Unef, UNL et FIDL, estime la CGT. 78 000 selon les autorités.
Adoptée le 21 juillet via le 49-3, puis promulguée début août, la loi travail aura déclenché des mois de conflit social et d'affrontements politiques qui n'auront pas fait plier l'exécutif. 134 décrets d'application sont attendus d'ici à la fin de l'année. « Pas de quoi alléger le Code du travail, ironise Christian, retraité CGT de la fonction publique territoriale rencontré dans le cortège parisien, il paraît que c'était pourtant l'objectif. »
Ce 15 septembre, la manifestation parisienne réunit 40 000 personnes, selon la CGT. La préfecture de police lui oppose une fourchette bien plus basse comprise entre 12 500 et 13 500. « Il y a peut-être des gens que ça embête, les grèves et les manifestations, moi, ça me fait plaisir de venir aujourd'hui, même si ça n'a pas l'air d'être une grosse mobilisation », nous dit Éric, de la CGT Darty, en parcourant du regard les rangs clairsemés du cortège en train de se constituer.
« De toute façon, quand on était plus d'un million, ils disaient qu'on était moins de 400 000, donc, quel que soit le chiffre aujourd'hui, moi, je suis content. Je ne vais pas lâcher l'affaire. Et même si la loi est passée, aujourd'hui on veut montrer qu'on est toujours solidaire et qu'on ne veut pas de cette loi-là, de ce qu'elle va impliquer pour les générations futures. »
Une question qui concerne de près Kélia, étudiante en philosophie à Paris IV et militante de l'Unef : « Je suis venue manifester pour interpeller les gens sur la précarité des jeunes, je suis là pour ça aujourd'hui, contre cette loi “travail” qui va induire beaucoup de précarité. C'est pour cela que ma présence et celle de tous mes camarades de l'Unef est très importante. Le but pour nous, c'est de sensibiliser les jeunes sur la loi “travail” car elle nous touche tous, qu'on soit salarié ou étudiant »
« On sait que cette manifestation va être la dernière cette année parce que justement on voit très bien que le gouvernement a fait ses choix, explique Henri du syndicat FO du ministère de l'Écologie, mais on veut montrer qu'on est toujours là, même si on sait que la loi est votée, que les décrets d'application vont arriver, etc. Ce n'est pas pour ça qu'on lâche quelque chose. Et puis, d'autres lois déjà promulguées ont été abrogées, comme le CPE. »
Dans son communiqué du jour la CGT indique qu'elle « continuera de se battre pour, sur tous les terrains, empêcher l'application de cette loi, point par point, mesure par mesure, que ce soit au niveau local, dans les entreprises, avec les salariés, ou nationalement, tout comme devant la justice » (constitutionnalité, OIT…).
C'est pourquoi, Nelly du syndicat CGT de l'UES Prologue Numérique « espère que [la manifestation de ce 15 septembre] n'est pas un baroud d'honneur ».
« Je compte sur les instances internationales, explique-t-elle, pour qu'il soit montré que cette loi déroge aux règles internationales du travail. Par ailleurs, ajoute-t-elle, moi j'ai la chance que la CGT soit majoritaire dans mon entreprise donc, si ça se présente, de toute façon, on ne signera pas les accords. Mais je sais que ce n'est pas ainsi dans beaucoup d'autres sociétés… Je suis donc là, aujourd'hui, pour montrer qu'on est toujours mobilisé et que c'est une loi parfaitement injuste, notamment avec l'inversion de la hiérarchie des normes.»
Pour Stéphanie, du syndicat Sud de Spic Soleil Sucré (boutiques de lingerie), c'est « important d'être venue manifester ». D'abord, parce qu'elle estime que « s'il y a une loi travail ça ne doit pas être pour retirer des droits aux salariés – c'est pour cela que celle-ci doit être abrogée » et parce qu'il « faut rappeler aux gens la nécessité d'aller jusqu'au bout de la lutte ».
Mais elle évoque aussi, très concrètement, la situation dans son entreprise : « On est en train de vivre un PSE avec un patron qui fait déjà un peu ce qu'il veut, alors, avec cette nouvelle loi, ce serait pire. J'ai actuellement des collègues en grève mais elles restent à la maison parce que la plupart ont des enfants. Nous, on travaille dans des boutiques de lingerie et la plupart des salariés sont des femmes seules avec des enfants. Alors, moi, je suis là, je manifeste, mais j'ai des collègues en boutiques qui me soutiennent. »
Michèle, une jeune retraitée restée syndiquée à la FSU, tire, de son expérience professionnelle à Pôle emploi, la conclusion qu'« il faut repenser tout, le travail et l'inactivité. Mettre tout cela à plat. »
Elle s'explique : « À Pôle emploi on a d'autant plus de raisons d'être dans la rue contre cette loi travail qu'on voit déjà comment cela se passe actuellement. Cette loi va toucher toute la vie professionnelle et cela va être encore plus dramatique. Quand on travaille à Pôle emploi, on passe son temps à recueillir les difficultés des gens qui ont perdu un boulot, les difficultés pour en retrouver un autre et cela dans des situations parfois extrêmes. C'est tellement dérisoire, tous ces gens qui peinent à chercher un boulot… Cela n'a souvent plus de sens. Je pense qu'on est à un moment charnière, mais je ne sais pas comment ça va bouger. Moi, je suis pour une sorte de revenu universel… Il faut voir comment… C'est la vision complète de la société qui devrait être revue. »
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